• Intra-muros.

    Boulevard Périphérique, vers la Porte d'Ivry Paris 13ème.


    Paris est l’une des rares capitales d’un pays majeur, aussi petite en surface et entièrement close par un périphérique bruyant et visuellement très présent.
    Il n'y a pas d'autre exemple au monde.


    Construit en 1973, le périphérique a remplacé les fortifications. Là, il y avait " la zone". La zone, c'était l'endroit où l'on était en dehors, en dehors de la ville, de la société, des lois, un endroit marginal et incertain où vivaient "apaches" et truands.
    L'habitat y était précaire : c'était un territoire militaire, on voulait conserver la possibilité de tout raser en cas de conflit. D'où la présence de marginaux, de chiffonniers, du marché aux puces …

    Lorsque cet espace large de 400 mètres a été récupéré, entre 1919 et 1930, aucun pouvoir politique n'a jamais eu de plan d'aménagement cohérent, si bien que l'on a reconstitué sur l'espace des fortifs un no man's land entre ville et banlieue.
    HLM, HBM (ancêtres des HLM), stades, cimetières, chemin de fer de la Petite Ceinture, boulevards des Maréchaux et périphérique s'y sont installés et constituent désormais une barrière difficilement franchissable. C'est comme s'il y avait autour de la ville un fleuve circulaire qu'on ne pourrait traverser que par ces ponts que sont les portes de Paris.

    Avant la dernière guerre, Paris avait un visage différent: il y avait des quartiers très ouvriers, comme l'avenue de Choisy dans le 13ème. Dans les années 30, le Parti communiste y sonnait du clairon dans la cour des HBM pour appeler à la manif !
    Il y avait aussi des poches d'habitat populaire dans tous les arrondissements, y compris le 7ème et, dans toute la ville, beaucoup de familles modestes qui habitaient aux derniers étages des immeubles, là où, à l'époque il n'y avait pas d'ascenseurs.

    On vivait aussi beaucoup dans la rue, il y avait plus de corps à corps qu'aujourd'hui. Jusqu'aux années 50, de nombreux quartiers étaient comme les Grands Boulevards aujourd'hui, avec beaucoup de monde sur les trottoirs, sur la chaussée aussi, qui a depuis été neutralisée par l'automobile. Sur les vieilles cartes postales, on voit les gens discuter au milieu des places et des boulevards. C'est inimaginable aujourd'hui.

    Depuis 1954, Paris intra-muros a perdu 25 % de sa population. Le Paris populaire qui était un Paris très dense est devenu moins dense, en même temps qu'il est devenu moins populaire. Les petits appartements et les ateliers récupérés ont été transformés en appartements plus grands, plus confortables, habités autrement.

    Au 19ème siècle déjà, des politiques très respectables parlaient de l'invasion des "barbares", à propos des Auvergnats qui troublaient l'ordre public quasiment par leur seule présence. Quant aux pauvres, on a souvent eu la tentation de les envoyer au-delà des limites, la banlieue étant vue comme le lieu du bannissement. Cette banlieue n'a pas été peuplée directement par les gens qui arrivent de province, car ceux-ci s'installent dans Paris, à la Goutte-d'or en particulier. Et c'est seulement après une socialisation urbaine qu'ils partent en banlieue. Depuis longtemps, celle-ci est habitée majoritairement par des gens qui ont été expulsés vers la périphérie. Amorcé avec les travaux d'Haussmann, le processus se poursuit aujourd'hui encore. En même temps, la ville de Paris ne peut se passer de la banlieue : elle y a 10 % de ses HLM, 80 % de ses morts et 100 % de ses ordures.

    Et c'est comme un appel, comme une évidence pour l'avènement d'un "Grand Paris".



    >> Grand Paris, où en est-on ?

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    >> Le "Grand Paris" ou comment changer ... d'aire ?

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  • Commentaires

    1
    Olivier Bailly
    Mardi 12 Avril 2011 à 18:56
    mur murmurant ... ou vombrissant
    Au temps où Paris était ceinturée par le mur des Fermiers généraux (17ème siècle) les parisiens parlaient d'un " qui rend Paris murmurant". On doit remplacer ce dernier terme par vrombissant
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