• J'aurais aimé que ce monde me parle ...

    Avenue de France  - Paris 13ème.

    L'avenue de France qui traverse le secteur désormais remis à neuf du quartier de la Gare, n'est qu'un alignement glacial d'immeubles de bureaux et de logements.

    Ça et là, de trop rares cafés et aucun resto véritablement digne de ce nom … car, dans ce quartier administratif c’est la grande réunion des restaurants industriels et le point central de la mal bouffe: salades à la sauce industrielle, lasagnes réchauffées au micro ondes (au fait, à la viande de quel animal … ?), … le tout à des prix excessifs.
    Une fausse bonne ambiance règne dans ces établissements, finalement à l’image de ce quartier sinistre et sans âme. Ce décalage viendrait-il de la topographie des lieux ? Peut-être, car l'avenue est bancale. Sur la moitié de son parcours, elle longe en les surplombant les voies ferrées de la gare d'Austerlitz et de là-haut, le panorama ferroviaire ne fait pas rêver.

    Si les anciens bâtiments des Grands Moulins et sa Halle aux farines ont été reconvertis assez harmonieusement en campus universitaire, la balafre des voies ferrées fait décidément désordre. Il aurait fallu repenser la séparation de cet ensemble totalement coupé de la ville, à l'opposé des campus américains; dépourvu de vie propre et de la moindre pousse d'herbe, à l'opposé des campus chinois.

    Arpentant cette avenue dont on ne voit jamais la fin … j'aurais aimé percevoir l'esquisse d'un sourire ou le début d'une contrariété sur un visage, bref que le monde me parle … mais les individus que l'on croise sur l'avenue de France sont aussi froids et rigides que le tracé de cette artère.


    >> L'ennui naquit un jour de l'uniformité ...

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    « Le secret de ces petits regards.Par l'imposte vitrée du métro aérien. »

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  • Commentaires

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    Jean-jacques Fourmon
    Dimanche 26 Mai 2013 à 17:02
    L'âme de la gare assassinée
    J'ai eu maintes fois l'occasion ici-même de déplorer l'aménagement de ce quartier. La couverture des voies de chemin de fer par des constructions semblables à celles qui se trouvent sur le côté opposé de l'avenue de France ne changera rien à la laideur chic de ce quartier. Sans doute, cher Pierre, ne m'avez-vous pas croisé ce jour-là, à cet endroit-là, car j'arbore toujours la mine soucieuse du marcheur perdu dans ses pensées ou celle, rêveuse, de celui qui porte son regard sur Paris pour y trouver une source, fût-elle infime, d'émerveillement. Bien sûr, vous n'aurez pas rencontré ma bobine à la terrasse d'un de ces cafés que vous décriez. Je préfère aller boire le coup dans un vieux bistrot de la rue de Tolbiac puisque les derniers rades du quai de la gare ont été détruits il y a quelques années. A ce propos, avez-vous consacré un billet à la buvette de la gare d'Austerlitz , que l'on a détruite, tout comme "Le Grenadier" (restaurant de la gare), en dépit des protestations de nombreux voyageurs et riverains ? Pour modeste et délabrée qu'elle fût, celle-ci gardait le charme de ces humbles constructions qui enchantaient la jeunesse des voyageurs, et qui enchantèrent ma jeunesse et celle de mon fils, comme elles enchantèrent naguère encore mon âge mûr.
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    robin
    Mercredi 22 Mai 2013 à 17:44
    Votre blog
    Je viens de parcourir votre blog et ses archives. J'en ai les larmes aux yeux. Je ne suis qu'un gamin de 18 ans, né dans le 16 eme arrondissement, dans lequel je vis toujours, mais que je ne supporte pas ... J'aime me promener dans les quartiers populaires, où on peut encore admirer de rares vestiges d'un paris disparu aujourd'hui ... Les panneaux "permis de démolir" se multiplient et se ressemblent, les HLM horribles poussent comme des champignons, et on tue l'Est Parisien, pourtant si pittoresque, intriguant, source d'inspiration. Continuez à faire vivre ce blog, et j'espère que M.Delanoe le verra un jour, qu'il se rende compte à quel point il a défiguré toute une partie de Paris ... Un jour peut-être, les promoteurs immobiliers assoiffés d'argent et sans scrupules n'auront plus le dernier mot, un jour peut-être ...
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