• Les hauts quartiers de l'Est parisien font de la résistance.

     
    Haut de La rue Laurence Savart Paris 20ème.
     

     

    De Belleville, de Ménilmontant, et de Charonne, maintes représentations ont été données, mais toutes soulignent le côté typiquement "populaire" de ces hauts quartiers de l'Est parisien.

    Des hommes aussi différents qu'Edgar Morin, Raoul Girardet ou Mouloudji ont vécu sur ces hauteurs ... et tous en ont en vanté l'esprit singulier. Tous ont attesté de cette personnalité radicale et indépendante qui s'exprime dans la "vue" que l'on prend ici de la capitale et de la société. Les gens de Belleville contemplent - en effet - la capitale de loin, depuis le "rebord" du plateau de la rue Piat. Edgar Morin parle même "d'une culture de la rue de Ménilmontant".

    Henri Calet dans ses textes (Le tout sur le tout, Acteur et témoin, Les deux bouts) met en valeur la stabilité, la permanence des stéréotypes, des expressions employées pour caractériser l'Est parisien que l'on évoque volontiers par le panorama et par des lieux-souvenirs, comme le Mur des Fédérés.

    Willy Ronis et René-Jacques contribuent par leurs images à mettre en valeur ces "traits urbains", tout comme le fait l'œuvre d'un autre photographe moins connu, Henri Guérard qui a réalisé - en cinquante ans - 24 000 photographies de Belleville !

    Les années 1960 sont des années de mutation au terme desquelles se met en place la rénovation de ces quartiers. Une rénovation souvent brutale et qui introduit une rupture dans l'urbanisme. Des protestations - dans lesquelles la nostalgie n'est pas absente - s'élèvent contre la destruction de Belleville, voire même contre sa simple rénovation. Ainsi, en 1975, Christine Rochefort publie un "Requiem pour Belleville" et la même année, Georges Perec publie "W ou le souvenir d'enfance" où il évoque la mémoire douloureuse de la rue Vilin. Puis les récits, les souvenirs du passé se multiplient: ainsi, jusqu'à sa disparition en 1997, l'écrivain "local" Clément Lépidis dénoncera sans cesse la destruction du cadre de son enfance.

    L'évocation du passé rebelle bellevillois, de son modèle de métissage, de la tolérance, du bien-vivre devient finalement un argument politique.
    Le 20ème arrondissement est celui qui, à Paris, compte en effet la plus forte densité d'associations (600). Les projets de rénovation du bas Belleville se sont toujours heurtés à la volonté conservatrice de ces associations qui cherchent à préserver la convivialité de ce "belvédère populaire".

    Oui décidément, Belleville, Ménilmontant, et Charonne, ces hauts quartiers de l'Est sont bien les "conservatoires du Paris populaire".

    Mais pourront-ils le rester encore longtemps ?

     

    >> Evelyne Cohen, "Jean El Gammal, Les hauts quartiers de l'est parisien, Paris, Publisud, 1998" 

     


     

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  • Commentaires

    1
    Rachid
    Mardi 15 Janvier 2008 à 10:09
    Assos
    Oui c'est vrai les Assos de Bellevilles sont nombreuses et performantes et il le faut car il ya du taff !
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