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Malaise à Belleville ... (2/2)
Villa Hardy - Paris 20ème.
Menaces, intrusions, jets de pierres... à Belleville, un malaise profond s'établi entre nouveaux arrivés et anciens habitants.
Dans le haut-Belleville, maisonnettes et petites épiceries ne sont pas rares, il y a aussi des ateliers d'artistes et un restaurant-musette qui figure dans les guides japonais ... ici, c'est encore le vieux Paris.
Depuis quelques années, les bobos arrivent en masse, vers les sources foncières de l'Est de la capitale où l'immobilier est encore (un peu) moins cher. Ils chassent ainsi, un peu plus chaque jour, ouvriers, petits employés, vieux et jeunes sans le sou et autres artistes ... vers la première, la seconde, la troisième couronne... et la substitution des populations s'opère à un rythme soutenu.
Mais ici, il y a aussi une cité en béton, une grande, une vraie de 650 logements, dénommée "Piat-Faucheur-Envierges", enfermée derrière des grilles, dans un labyrinthe de rues tortueuses, à l'abri du regard.
Alors, c'est chacun sur sa planète, avec sa bonne foi, ses dogmes et ses langues... Au conseil de quartier, beaucoup regrettent que les bobos n'aient pas fait un «petit effort» pour s'adapter aux «réalités» du cru.
S'adapter ou ne pas s'adapter, c'est la question qui tue. Qu'on le déplore ou non, les jeunes du haut Belleville n'ont pas le même décodeur mental que les nouveaux arrivants.
La pression foncière est une réalité qui s'impose ici avec brutalité. Rue des Envierges, la «mauvaise réputation» n'empêche pas les prix d'atteindre 6 à 7 000 euros le mètre carré ! Résultat : un titi du quartier ne peut pas se loger sur place, sauf à rester habiter à perpétuité chez ses parents, dans le HLM familial.
Reste que le conflit de classes n'explique pas tout. Lorsqu'en été des bandes de gamins - hauts comme trois pommes - caillassent les promeneurs du parc de Belleville, la rancœur sociale cède la place à une hostilité beaucoup plus primaire.
C'est bien plus qu'une confrontation "bobos-prolos" qui se joue. Ce sont deux mondes qui se superposent sur le même espace avec des règles parfaitement antagoniques. L'univers de la ville, où l'anonymat garantit la liberté de chacun, côtoie le monde de la cité, avec son omerta, son système d'entraides entre "frères", et où tout le monde se connaît. Pour avoir la paix ici, il faut connaître tout les gens du quartier, ... même ceux qui sont morts ou ... qui sont en prison !
Gare en revanche aux nouveaux venus, surtout quand ils se confrontent frontalement aux valeurs du quartier. Ainsi, des patrons de bars branchés sont arrivés la fleur au fusil ! Savent-ils vraiment où ils sont ... ? "On n'a pas pensé qu'on pouvait avoir des ennuis." avouent-ils.
Alors, rupture ?
Pas forcément. Des passerelles et des échappatoires existent. Parler de relégation sociale n'a pas grand sens quand on est à cinq minutes du métro et au cœur d'un marché de l'emploi gigantesque. Vivre à Belleville n'est pas une punition. Et tous les enfants de la cité, loin s'en faut, ne sont pas dans la conflictualité. Certains tirent même partie des évolutions en cours. De jeunes patrons de bars kabyles ont su ainsi métamorphoser les vieux tripots communautaires de leurs pères pour les adapter au goût des branchés. De l'autre côté, tous les bobos ne vivent pas nécessairement en parias et certains sont très ouverts sur les diverses communautés de Belleville.
La persistance du malaise n'est donc pas si sûre ...
>> Voir aussi : Malaise à Belleville (1/2)>> L'affaire des caricatures de Belleville.
Tags : bobos
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Commentaires
4Le Bleu de mes dilemSamedi 17 Avril 2010 à 09:05une certaine droite
Tyty a écrit: "En fait il faudrait tout de suite classer les derniers quartiers populaires de Paris et tous les habitants en monument historiques, histoire qu'on ne puisse plus les altérer. " C'est ce que veut faire avec la France. Non ?3TytySamedi 17 Avril 2010 à 09:04monument historiques
En fait il faudrait tout de suite classer les derniers quartiers populaires de Paris et tous les habitants en monument historiques, histoire qu'on ne puisse plus les altérer.2henriSamedi 15 Décembre 2007 à 12:31Cités
Cités de banlieues, cités de Paris ... les unes médiatisées, les autres moins mises en avant ... mais les problèmes sont les mêmes et les solutions pas aisées à trouver. Merci à Paris perdu de nous faire voyager dans le temps et dans l'espace.
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Tyty a écrit: "En fait il faudrait tout de suite classer les derniers quartiers populaires de Paris et tous les habitants en monument historiques, histoire qu'on ne puisse plus les altérer." On pourrait déjà lutter contre la hausse des loyers qui chasse les habitants les plus pauvres hors de Paris. Et aussi arrêter de vouloir donner un petit aspect propret et lisse pour rassurer ces fameux bobos (dont je fais partie, sans aucun doute ! ).