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Hommage à Lucien Hervé.
Photo © Lucien Hervé
Le photographe français Lucien Hervé nous a quittés, le 26 juin dernier, à l'âge de 96 ans. D'origine hongroise, son vrai nom était Laslo Elkan. Il avait rejoint la France en 1929 et c'est peu après la guerre qu'il adoptera définitivement son nom de résistant : Lucien Hervé.
Il est considéré comme l'un des maîtres de la photographie d'architecture moderne. Son premier travail de photographe, un reportage sur la Cité radieuse de Marseille, est remarqué par Le Corbusier qui en fera son photographe attitré de 1949 à 1962. Il couvre alors tous les chantiers de Le Corbusier et travaille également pour d'autres grands architectes du moment : Breuer, Niemeyer, Aalto, Prouvé ...
Mais, au-delà de la photographie d'architecture, Lucien Hervé porte aussi un regard sur l'homme. D'ailleurs, ses archives sont constituées uniquement de deux catégories de photos qu'il nomme "ARCHI" et "HUMAN".
Dans la veine du réalisme poétique incarné par Doisneau, Ronis et Boubat, il s'intéresse- nous dit-il - à "tous ceux qui luttent pour la vie". Lucien Hervé, toujours là où on ne l'attend pas, se revendique ainsi d'une certaine tradition humaniste.
C'est dans cet esprit qu'ont été réalisés deux de ses clichés les plus émouvants. Le premier, pris à Delhi en 1955, montre un enfant esclave où une grande partie du cliché est dans l'ombre de façon à dissimuler le visage de l'enfant et à insister sur ses pieds nus. La seconde photo, prise en 1949 à la Cité radieuse de Marseille, souligne la condition de l'ouvrier, en ne montrant que l'ombre portée d'un manœuvre qui monte un escalier en tenant à bout de bras un seau de ciment.
Son regard saisit, comme nul autre, la lumière crue et les ombres fortes, aussi bien pour décrire l'architecture que les humains sur lesquels il s'attarde avec respect.
Pour tout cela, Lucien Hervé était un artiste rare.
>> L'enfant esclave, Delhi 1955 Photo © Lucien Hervé
>> L'ouvrier de la Cité Radieuse, Marseille 1949 Photo © Lucien Hervé
>> Lucien Hervé : Portofolio ...
>> Lucien Hervé, devant ses archives, peu de temps avant sa disparition ...
« A Périllos, tout est en ruines, même le paysage ... jonché de pierres.Les Batignolles ... hier ... aujourd'hui ... demain ... »
Tags : photo, regard, humaniste, figures, photographes, willy ronis
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Commentaires
2Bruno CarelMardi 9 Octobre 2007 à 10:14Une découverte
merci pour cette découverte. Quelle carrière ! et quel talent. Bravo aussi pour votre blog qui très touchant pour ceux qui aiment Paris.1MarcSamedi 6 Octobre 2007 à 21:49Un grand...
... Oui un très grand photographe.Mais je constate la longevité remarquable des photographes. Willy Ronis doit aujourd'hui afficher 97 ans, si je ne me trompe pas!
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Lucien Hervé est véritablement un maître de l'ombre et de la lumière. En plus beaucoup de ses clichés ont ce petit clin d'oeil à mi-chemin entre l'étrange et le comique. Le Corbusier ne s'était pas trompé en le choissisant comme "son" photographe.