• " Mieux avant ou ... mieux après ... ? "

    Quartier Masséna, aux confins de la Seine, des voies ferrées d'Austerlitz et du boulevard périphérique Est: dans un no-man land, la dernière maison encore debout.


    Dans un 13ème arrondissement autrefois sinistré, et aujourd'hui souvent sinistre, que va devenir le quartier Masséna ?
    Espérons que pour une fois, les architectes feront preuve d'humilité et de modestie, au lieu de nous exposer leurs délires qui - à coup sûr - déstructurent le tissu social et maltraitent la vie locale.

    En entourant leurs projets d'un écran de fumée verbeux, tels que: "îlot ouvert, bocage urbain, magie architecturale, vision contemporaine" (sic): c'est tout un langage creux et prétentieux qui est souvent mis en avant pour "vendre" le projet !
    Ils se prennent pour des démiurges, et toute critique est perçue comme rétrograde et passéiste, selon un discours terroriste maintenant bien rodé. Mais jamais ils n'iront vivre ni travailler là où ils ont créé ...

    Les premières esquisses du futur quartier Masséna font, en effet, craindre le pire. En faisant fi de l'esprit du lieu, du caractère spécifique de son tissu urbain, de ses infrastructures, de son rôle charnière avec le vieux 13ème (quartier Chevaleret), il n'est pas du tout sûr que "Ce sera mieux après" !

    Quand on voit le désastre de la bibliothèque François Mitterrand - une architecture glaciale, où les livres sont au grenier, les lecteurs à la cave, et le jardin derrière des barreaux ... et avec tout près, la fameuse avenue de France, organisée sans queue ni tête (au propre comme au figuré) et surchargée en bureaux aux dimensions brutales ... on peut redouter que le désastre ne se répète pour le quartier Masséna.

    Alors faut-il prôner un retour au modèle haussmannien de Paris ?

    Cela  relève sans doute pour certains d'un "obscurantisme grincheux" dénoncé par le fameux: "C'était mieux avant".
    Acceptons l'injure et constatons simplement que les tissus urbains qui fonctionnent bien (avec des transports, des services publics, des commerces, etc.) et où l'on se sent bien (Paris, Rome, certains quartiers de Londres, Washington ...) correspondent grosso modo à ce modèle: même aspect des rues avec des immeubles de 6 à 8 étages, un COS de 3 à 4, un "mix" d'habitat et de commerces. Le rejeter, c'est refuser la réalité.

    Aussi, faudra-t-il qu'un jour, les urbanistes et les sociologues prennent le pas sur les architectes et leur montrent que le développement urbain doit apporter du sens à notre société ... et qu'on ne dessine pas notre cadre vie comme une robe de haute couture !!!
    On va finir par regretter le sordide 13ème d'il y a 20 ans...


    >> Le projet de l'architecte Demians pour le quartier Masséna, dans le XIIIe arrondissement. (Photo: ©Mairie de Paris)


     

     

     

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  • Commentaires

    4
    Mercredi 24 Septembre 2008 à 10:16
    Parisperdu : blog non politiques
    Bienvenue à Parisperdu dans la blogosphère de mémé Kamizole : bienvenue au club des blogs non politiques mais fort appréciables... Chose promise, chose due... Voici mon commentaire sur votre blog Parisperdu : "Photos d’archives et très beaux textes. Nostalgie ! du Paris des petites gens, des industries et artisans, qui existait encore quand j’y ai vécu de 1968 à 1972 et que j’arpentais sans relâche des Buttes-Chaumont à la rue d’Avron en passant par Gambetta (mon port d’attache).
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    Mardi 23 Septembre 2008 à 19:32
    Les spécialistes parlent pour nous ...
    Bien sûr Thierry, si tous les spécialistes sont de connivence ... le résultat sera toujours aussi désastreux. L'idéal est évidement la concertation avec les habitants du quartier. Mais depuis les ZAC (Zones d'aménagement concertées), ça je n'y crois plus. L'avis des "êtres humains" (comme vous dites) est juste consultatif, et après on n'en tient pas compte. D'où l'idée d'avoir recours à des spécialistes indépendants, s'ils existent … ?
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    Mardi 23 Septembre 2008 à 15:44
    Qu'une affaire de spécialistes?
    Au secours l'urbaniste et le sociologue? Mouai, faut voir et il faudrait bien les choisir, car si par connivences et connexions sociales ou culturelles ces deux là partagent régulièrement la table du bâtisseur en chef... Il faudrait certainement demander l'avis des êtres humains qui doivent vivre là où un projet se dessinent. Pour cela l'idéal serait une société archi... démocratique et cultivée. Sinon bien sûr ce seraient encore et toujours les mêmes milieux sociaux qui donneraient leur avis.
    1
    JP
    Mardi 23 Septembre 2008 à 11:41
    ZACage de 13ème
    j'habite dans le 13ème depuis 17 ans et je ne reconnais plus le Paris que j'aimais. Assez de tours !
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