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Willy Ronis et une jeune admiratrice au cours d'une séance de dédicaces, en 2007 ©Sylvie Châtelais
Cette image captée par la photographe Sylvie Châtelais montre à merveille la personnalité de Willy Ronis, cet homme lumineux, graveur de l'instant figé en une fraction de seconde.
Ronis fut un homme simple, chaleureux, humble et bienveillant. Et ceci transparait dans ce moment d’échange intime entre cet homme de 97 ans et une fillette de 10 ans. La générosité de Willy Ronis, sa pudeur et sa gentillesse embaume cette image.Là en effet, on comprend instinctivement que Ronis est aussi bien passionné par la photographie que par les gens ! Car Ronis aime les gens. Il sait les photographier et immortaliser la magie qui émane d'eux avant même que celle-ci n’éclate dans une situation et un cadre donné. Il voit la photo bien avant que l'enchaînement des causes crée les conditions de l'image. Il anticipe l'invisible... et bien sûr... les réglages entièrement manuels de son appareil.
Et cette petite fille, le regard au ciel et brillant d’admiration, la bouche susurrant des mots simples, le sourire innocent de cette enfant oubliant pour un instant tout ce qui l'entoure !
C’est un ange, c’est un ravissement !
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Face au numéro 4 de la rue Aubriot, Paris 4ème ©Helmut Newton (1975) / ©Parisperdu (2023)
Helmut Newton, photographe mondialement connu pour ses photographies de mode aux mises en scène incongrues et provocatrices, a révolutionné l’image conventionnelle de la femme dans les magazines des années 1970-1980.
Il se fera reconnaître pour l’audace de ses mises en scène, et ses nus provocateurs non dénués d’un humour sous-jacent, qui marquèrent fortement l’histoire de la photographie.
Il dira d’ailleurs à ce propos : " Je déteste le bon goût. C’est ce qu’il peut arriver de pire à une personne créatrice. "Newton a étroitement partagé sa passion pour la photographique avec sa femme June qui a été pendant plus de cinquante ans sa partenaire, son éditrice et sa collaboratrice. A partir de 1970, elle travaille aussi en solo comme photographe sous le pseudonyme d'Alice Springs en clin d'œil à la ville située au centre de son pays natal.
En 1975, Yves Saint Laurent et le magazine Vogue France passent une commande à Helmut Newton, pour mettre en valeur le nouveau "Smoking femme" qui vient de sortir des ateliers de Haute Couture de YSL. Ce vêtement, jusqu'alors jamais portée par une femme, peut être vu comme un geste osé et quelque peu transgressif pour l'époque.
Newton n'a pas cherché longtemps un lieu dans Paris pouvant s'accorder au mieux avec le mannequin qui portera le fameux smoking puisque le shooting se fera en bas de chez lui : rue Aubriot dans le 4ème arrondissement de Paris. Les commanditaires du reportage photo auraient souhaité un lieu prestigieux de Paris mais Newton n'en démordra pas : ce sera rue Aubriot et pas ailleurs ! C’est la nuit, rue Aubriot donc, là où il habite à l’époque qu'il fera cette photo en écho parfait avec les images de Brassaï connu pour ses vues nocturnes de prostituées et de malfrats :"la nuit n'est pas le négatif du jour".
Et cette photo sera sans doute le sommet de sa collaboration avec Vogue : ce portrait d'une femme androgyne avec une cigarette à la main, portant un tailleur-pantalon d'Yves Saint Laurent.
Durant l’été 1975 Helmut Newton répétera l'opération rue Aubriot pour le numéro de "Vogue Paris" de septembre. Cette-fois il montre deux jeunes femmes : l'une est Vibeke Knudsen habillée en smoking Yves Saint Laurent, et l'autre est nue, au milieu de la rue.
Alors aujourd'hui, je suis retourné rue Aubriot, à l'endroit exact de la prise de vue de Newton. Là rien ou presque n'a changé depuis ce jour de l'été 1975 lorsque Helmut Newton prenait ces images devenues mondialement iconiques dans l'univers de la Mode.
>> Yves Saint Laurent, Paris, 1975, pour Vogue France : le smoking ©Helmut Newton
>> Trois images du shooting de l'été 1975, Rue Aubriot Paris, ©Helmut Newton
>> Rue Aubriot Paris 1976 ©Alice Springs
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Place Dalida. 1 rue de l'Abreuvoir. 75018 Paris
A Montmartre, un buste - réalisé par le sculpteur français Aslan - rend hommage à la chanteuse Dalida. La sculpture, inaugurée en avril 1997 a été érigée sur une place qui a alors pris le nom de la chanteuse populaire. Et l'endroit est vite devenu un lieu de retrouvaille pour les nombreux admirateurs de Dalida.
Mais depuis sa mise en place, le buste de Dalida connait pas mal de vicissitudes.
Tout d'abord en 2010, on a tenté de le voler et si le système d’accroche a résisté, il a été fortement détérioré, aussi il a fallu des mois de restauration avant que la sculpture puisse enfin retrouver son support.
Puis en 2017, à la suite d’une manifestation, le buste est entièrement recouvert de graffitis et là encore la remise en état a pris du temps.Aujourd'hui on constate qu’une tradition quelque peu douteuse a progressivement usé les contours des seins de la sculpture : la patine du bronze a en effet disparu à ces endroits précis.
Mais pourquoi donc ? Parce qu'une croyance idiote dit qu’une caresse sur les seins de la sculpture de Dalida promettrait des années de bonheur et d'amour parfait !Désormais un bon nombre de riverains sont vigilants et mobilisés pour préserver la sculpture… mais compte tenu de la haute fréquentation touristique sur la butte Montmartre la tâche va être ardue.
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Extrait de Raymond Depardon, Entre-temps (Atelier EXB, 2022) © Raymond Depardon / Magnum Photos
A la BnF Richelieu, le photographe de 82 ans a reçu son prix des mains de la ministre de la Culture Rachida Dati. Raymond Depardon devient le premier photographe à recevoir le prix de la BnF… jusqu'ici toujours décerné à des auteurs littéraires, tels Michel Houellebecq, Virginie Despentes ou encore Milan Kundera.
La Bibliothèque nationale de France (BnF), qui récompense un auteur pour l'ensemble de son œuvre, a salué en Raymond Depardon "un auteur sans limites, célèbre pour ses reportages photographiques d'une intensité rare, pour ses nombreux livres où il tisse un lien étroit entre texte et image, et pour ses films où il capte le quotidien d'une société en constante évolution".
>> Entre-temps de Raymond Depardon : les instants suspendus du photographe.
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絶唱 、横須賀ストーリー Yokosuka Story #58, vers 1976 – 1977 © Ishiuchi Miyako
Au Japon, où la photographie est un domaine traditionnellement dominé par les hommes, Ishiuchi Miyako, 77 ans, est l’une des rares femmes à cumuler, depuis quarante-cinq ans, succès et récompenses internationales, ouvrant la voie à nombre de consœurs plus jeunes. De l’occupation américaine aux vestiges de Hiroshima, en passant par les effets personnels de sa mère défunte, elle explore le passage du temps et de l’histoire.
Exposée cet été aux Rencontres de la photographie d’Arles, elle y a reçu le prix "Women in Motion", du groupe Kering.
A Arles, Miyako a donc présenté sa série Mother’s. Cela fait vingt-quatre ans que sa mère est morte, mais les photographies de la série Mother's ne pourront jamais être reléguées dans le passé, car elles sont ranimées à chaque fois qu’elles sont montrées quelque part.
Et au sujet de cette série Mother's, Ishiuchi Miyako nous dit : "Son corps n’était plus là. Les possessions qu’elle laissait derrière elle, qui lui étaient autrefois attachées, étaient devenues inutiles sans leur propriétaire. Avant de m’en débarrasser, j’avais décidé de les prendre en photos.
Mais prendre une photographie, c’est mesurer la distance qui nous éloigne du sujet et rendre visibles les choses invisibles qui reposent sous la surface.
Et comment capturer des images que mes yeux ne peuvent voir ? Je pointais l’appareil photo et j’appuyais sur le déclencheur, le moins de fois possible. Peut-être que rien n’apparaîtrait. Je plaçais les négatifs dans l’agrandisseur. L’image négative, fixée par la lumière, était transférée sur le papier, et tandis qu’elle baignait dans le révélateur, une image positive était imprimée. Le temps d’attente avant l’apparition de l’image est crucial. Dans cet intervalle, la photographie prend forme par la contemplation".
>> "My name is Ishiuchi Miyako".
>> Ishiuchi Miyako à Arles 2024.
>> Aussi à Arles, cette année : Sophie Calle.
>> Aussi à Arles, cette année : Jean-Claude Gautrand.
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