• Comment voir Paris et comment comprendre cette ville ?
    C'est une question que beaucoup se pose et à laquelle le photographe peut essayer de répondre.

    On peut décrire Paris à partir des regards de ceux qui se sont déjà approprié cette ville. Les regards des grands maîtres de la photo : les Ronis, Izis, Doisneau ... mais on peut aussi choisir d'arpenter la capitale telle qu'elle est aujourd'hui, avec ses territoires architecturés et ses terrains vagues ...

    On en arrive alors à d'autres questionnements. On cherche alors à comprendre quel regard porter sur le réel, comment mettre en mouvement son regard ? Le leur me fascine, surtout celui de Willy, et en voulant voir de plus en plus, on voit de mois en moins ... à moins qu'il ne faille tout reconsidérer autrement ?

    Parisperdu tente ce défi singulier, en travaillant avant tout sur la perception de la rue, celle d'hier comme celle d'aujourd'hui.
    La photographie est-elle un tremplin pour mieux comprendre cette ville en perpétuelle évolution?
    A vous d'en juger !


    >> Déjà sur Parisperdu "Le regard sur la ville".

     


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  • Les Grands Moulins de Paris - 13ème arrondissement -1997.


    Il y a vingt ans, on démolissait sans réfléchir. Aujourd'hui, on a enfin pris conscience qu'il est important qu'il y ait dans les villes un continuum historique et physique, et les bâtiments industriels, les usines, les ateliers du XIXe et du XXe siècle sont devenus les supports décomplexés de projets novateurs. Paris respecte enfin son patrimoine industriel.

    Les transformations architecturales fleurissent à Paris et tout autour : les Magasins Généraux dans le 13ème, les anciennes Pompes Funèbres de Paris, La Halle aux farines, les Grands Moulins de Pantin, la Sudac ...
    Les usines oubliées et les entrepôts sinistres s'inventent des lettres de noblesse.

    L'architecture contemporaine serait-elle devenue conservatrice au point de s'accrocher aux vieux murs de son patrimoine industriel ? Pas du tout, répondent urbanistes et architectes. "Toute l'histoire de l'architecture est une succession de transformations et de reconversions: les temples grecs ont été recyclés en églises; des couvents ont été reconvertis en filatures ou parfois en hôtels ..."
    Et aujourd'hui, certains architectes ont su jouer astucieusement avec les vieux édifices comme s'ils étaient une matière première. Ils pensent aussi que leur démarche s'inscrit dans le droit fil du développement durable : reconvertir, c'est éviter de polluer et de gaspiller...

    Mais il faut qu'il y ait une certaine adéquation entre la forme du bâtiment et sa nouvelle fonction. On ne peut pas tout faire dans tout. Et plus on procède à des changements de fond, plus c'est cher !
    Alors, l'enveloppe du bâtiment est souvent dissociée de l'intérieur, comme c'est le cas pour le pôle universitaire Paris Diderot dédié aux Sciences, et installé dans l'ancienne Halle aux farines, dans le quartier des Grands Moulins de Paris, dans le 13ème. L'enveloppe de cette halle en béton armé, construite en 1950, a été conservée et les amphithéâtres ont été glissés à l'intérieur comme un "bateau dans une bouteille", les architectes ont seulement ajouté des verrières pour laisser passer la lumière zénithale, et réalisé une extension métallique légère pour accueillir le restau-U.
    Une reconversion en douceur, en somme ...
    On en redemande.



    >> La Halle aux farines.

    >> Voir aussi sur ParisPerdu : "Des étudiants dans la farine ... ?"

    >> Voir aussi sur ParisPerdu : "Jean Nouvel conservera l'ancien ..."

    >> Le 104, les anciennes Pompes Funèbres de Paris.




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  • Ecluse du Square Eugène Varlin - Canal St Martin Paris 10ème

    Raymond aime son métier de batelier indépendant, parcourant les canaux de l'Est et du Nord de la France. Contrairement au marinier-salarié d'une grande entreprise dont les tâches et les horaires sont bien définis, Raymond est un homme libre.
    Il est le propriétaire de l'Aster, un bateau transmis par son père qui était lui aussi batelier ... On n'arrive pas dans ce métier par hasard. C'est souvent une affaire de famille.
    Et cela continue car Raymond travaille en couple avec Ginette, sa femme, qui l'assiste dans les manœuvres délicates et le remplace à la barre quand il s'occupe de l'entretien. Car à bord des petites péniches, comme sur l'Aster, il n'y a pas de mécanicien. C'est au patron d'assurer les petites réparations sur le moteur, de surveiller les niveaux d'huile, de prendre soin de l'installation électrique, de la robinetterie ... Il faut savoir se débrouiller seul, mais cela ne dérange aucunement Raymond, au contraire, il adore cette liberté d'action.

    Raymond et Ginette sont parfois aidés d'un matelot, pour les longues périodes de navigation, lorsqu'ils vont à Rotterdam ou en Allemagne ... Raymond préfère toutefois éviter cet équipage car "un matelot à bord, ça vous bouffe le bénéfice" dit-il.

    Aujourd'hui, dans le transport de marchandises, les artisans, comme Raymond, ont du mal à survivre face à la flotte industrielle. Pour s'en sortir, certains de ses collègues ont été amenés à s'orienter vers le tourisme fluvial. Une perspective que Raymond se refuse à envisager, il préfère sa vie de bohème, entre tâches polyvalentes ... et revenus aléatoires.


    >> Voir aussi sur Parisperdu : la traversée du 10ème via le canal St Martin.

     


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  • Chez Victor, impasse Compans.


    Il faut monter la rue Compans, monter toujours et encore, s'égarer du côté de la rue de Bellevue, revenir sur ses pas et chercher à nouveau l'impasse Compans. Cette impasse est décidément une énigme, même sur les plans de Paris, on ne l'a trouve pas...
    Pourtant elle doit bien être quelque part ...

    Une cité de béton se dresse-là, sur le point le plus haut de la rue, juste avant qu'elle ne redescende vers la place des Fêtes. Etait-ce là, le lieu, l'impasse où Willy Ronis a photographié le bistrot guinguette "Chez Victor" ? Prenait-elle le tracé de la rue Eugénie Cotton qui justement contourne les cinq énormes barres du monstre de béton ? Ou bien alors est-ce le monstre lui-même qui a tout englouti dans ses entrailles : l'impasse, la guinguette avec son zinc, ses jeux de boules et ses tables sous la tonnelle ...?

    Willy nous dit que "de chez Victor, on avait une vision à 180 degrés: du canal Saint-Denis aux pistes du Bourget...". Par chance, il est aujourd'hui possible de grimper sur l'immense dalle sur laquelle reposent les barres tentaculaires du monstre froid de béton. Ainsi pourrons-nous peut-être retrouver le point de vue de la guinguette ?

    Et effectivement, le bistrot guinguette devait bien se situer là, car sous nos pieds, s'étale le quartier de la Mouzaïa avec ses villas en impasse, puis à l'horizon, de l'ouest à l'est: la butte Montmartre, le canal Saint-Denis, les immeubles du Pré-Saint-Gervais ... Mais de nouveau, il est encore là..., notre regard butte sur l'énorme store vénitien que constituent les barres de béton ... et, plus à l'Est nous ne sommes plus autorisés à accéder à la ligne d'horizon.

    Les instants de grâce et d'insouciance que Ronis a connus ici, en haut de la rue Compans, sont désormais bien loin ... Heureusement, il nous reste les clichés du maître. Ils nous permettent aisément d'imaginer ce lieu d'une quiétude alors toute campagnarde, dominant une ville qui n'en n'était pas encore vraiment une ...



    >> Chez Victor, bistrot guinguette, impasse Compans à Belleville, Paris, 1955 :"Les jeux de boules et les tables sous la tonnelle" ©Photo Willy Ronis


    >> Chez Victor, bistrot guinguette, impasse Compans à Belleville, Paris, 1955: " La guinguette et son zinc" ©Photo Willy Ronis

     

    >> Pour retrouver l'impasse Compans (Extrait d'un plan du 19ème - 1967/68)
     

     

     

     


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    Il y a encore peu, les peintres qui posaient leur chevalet sur la place du Tertre créaient des toiles "typiques" de Montmartre et ils en détenaient le monopole de la vente.

    Mais l'ampleur du marché potentiel a attisé la concurrence car, plus de 10 millions de personnes visitent Montmartre chaque année et beaucoup d'entre elles y achètent des peintures en guise de souvenirs,  ...
    Aussi  aujourd'hui, les peintres officiels de la place du Tertre se sentent menacés par les boutiques de souvenirs de Montmartre qui vendent des peintures importées d'Asie et d'Europe de l'Est, des peintures à bas prix, de bien piètre qualité et produites à la chaîne ... Ces toiles portent des signatures "bidon" comme Georges, Claude, Paul, ... pour faire couleur locale et être vendues comme authentiquement Montmartroises.

    Ces tableaux n'ont pas d'âme, mais leur coût est dérisoire comparé aux prix pratiqués sur la Place du Tertre. Certaines de ces toiles importées sont mêmes constituées d'un dessin imprimé sur lequel les vendeurs passent quelques coups de peinture pour donner une touche d'authenticité. Ce n'est pas de l'art, c'est ... au mieux ... pour ne pas dire au pire ... de la décoration. C'est sûr, à ces prix-là, on ne peut pas en attendre plus !

    Les peintres de l'historique carré des artistes, parlent de concurrence déloyale de la part de ces toiles de Paris "made in China"
    et pour moraliser le marché, l'association Paris-Montmartre réclame, en vain, aux élus parisiens une "traçabilité" des tableaux.

    "On pourrait écrire Made in... au dos des toiles. Au moins les clients sauraient ce qu'ils achètent" entend-t-on sur
    la Place. Une appellation d'origine contrôlée ? L'idée fait sourire. Car ce qui compte, c'est la beauté du tableau, pas la nationalité de son auteur.
    Après tout Picasso était espagnol, non ?


    >> L'association Paris-Montmartre

    >> Le collectif des Artistes Montmartrois

    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Léon, gribouilleur place du Tertre". 

     

     

     

     

     


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