• Quand je l'ai vu pour la première fois, c'était près d'un café, à l'heure de l'apéro.

    Il sortait du 30 de la rue Piat, bizarrement coiffé, et vêtu d'un pardessus trop grand, couleur noisette, qui n'arrivait pas à dissimuler le bas d'un pyjama à larges bandes grises et blanches. Il était chaussé de charentaises usagées et, dans cet accoutrement, portait à la main une boite à lait en aluminium.
    Il allait chercher son breuvage matinal chez " Pompom" un diminutif donné, par les gens du coin, au crémier italien du quartier. Tout comme son voisin Letourneau qui vendait son vin à la tireuse, "Pompom" vendait son lait à la louche.

    La seconde fois que je l'ai vu, c'était un soir, très tard, dans le couloir de la station de métro Pyrénées où j'étais venu raccompagner ma copine du moment. Il m'est apparu à l'instant précis où j'embrassais une dernière fois ma dulcinée, avant qu'elle n'attrape le dernier métro.

    Il avait encore son même manteau noisette et sur la tête un drôle de "galure", un chapeau ridicule, genre madrilène. Nous nous sommes regardés. Son visage portait encore des traces de maquillage et avait quelque chose de pathétique... un clown triste!
     
    Je regardai s'éloigner un homme fourbu par sa soirée de travail au cabaret, un artiste au début de sa carrière ... Je regardais rentrer chez lui, dans ses habits de scène, ... Fernand Raynaud.



    >> Cet anonyme emprunte un escalier également ... anonyme. L'escalier qui relie la rue de l'Ermitage à la rue des Cascades était à l'époque seulement répertorié "voie U/20",  jusqu'à ce qu'il prenne, en 1994, le nom de ... Rue Fernand Raynaud.

     


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  • A Montmartre, la place du Calvaire est un lieu singulier : pas de calvaire mais des murets, un seul banc et ... un point de vue unique sur la capitale.

    Cette place minuscule est certainement la plus typique de la butte. Elle serait même presque intemporelle, s'il n'y avait aujourd'hui ... quelques tags.

    C'est ici, loin du tumulte effréné de la Place du Tertre, que vous pouvez retrouver ce qu'était Montmartre, avant qu'il ne soit définitivement envahi par les touristes.
    Assis en ce lieu secret, vous n'aurez plus envie de le quitter. C'est un endroit quasi magique, plein d'une douceur ouatée ... où l'on voudrait prolonger l'instant ... et lorsque vous devrez partir, ce sera en vous promettant de bientôt y revenir.

    A Paris, ne cherchez plus l'introuvable... il est là !


    >> Le regard de Willy Ronis © sur cette place, en 1960 ...
     

    >> Les calvaires de Montmartre vus par Aget ©...
     

    >> Place du calvaire ...la nuit,
     par Hervé Roulben ©

     

     


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    Juliette habite dans le 19ème, et aujourd'hui, elle se rend à la journée d'information, à destination des chiens, organisée pour la première fois à Paris. L'opération s'intitule assez justement "Ma cité a du chien" ...

    Bien sûr, ses deux caniches Belle et Bianca l'accompagnent. Il faut dire que les deux toutous de Juliette ont des progrès à faire du "côté du caniveau" ...
    Mais qui est le premier responsable : le chien ou son maître ? Les chiens guides d'aveugle sont dressés à faire leurs besoins dans le caniveau alors, pourquoi pas Belle et Bianca? Il s'agit donc bien, pour Juliette, d'une question d'éducation...

    Cet après-midi, des éducateurs canins vont expliquer à Juliette comment devenir une vraie "Cani-citoyenne". Belle et Bianca, sous l'autorité de leur maîtresse, devront apprendre à respecter l'environnement. Et cela passe par la responsabilisation de Juliette qui sera dorénavant informée donc prévenue, et ... éventuellement sanctionnée.

    Mais, pour cette dernière extrémité, jusqu'où devra-t-on aller ? Jusqu'à demander le contrôle de l'ADN des crottes de chien ?
    La question est sérieusement étudiée en Allemagne, par la ville de Dresde !


    >> L'Adn contre les crottes de chiens
     

     


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  • Ce devait être en 1946. Ce jour-là, je jouais, avec deux camarades, dans les terrains vagues, derrière le passage Botha dans le 20ème, quand un homme est arrivé un appareil photo au cou.


    Nous avions fabriqué une cabane avec un vieux lit -cage et divers objets et matériaux qui jonchaient le sol de ce terrain devenu - après la libération - une véritable décharge publique.

    "Elle est superbe votre cabane les enfants. Ce serait bien aussi, que vous allumiez un feu !... "Nous dit cet homme. Il nous aida et proposa ensuite de faire une photo... et même ... qu'elle serait, le lendemain, dans un journal nommé "CE SOIR". "Faites semblant de souffler sur le feu ... Oui ! Comme ça...". Clic-clac ... encore une ... Clic-clac.

    Nous allâmes conter l'histoire à nos parents...On allait être dans le journal !... Nos parents, poussés par une petite pointe d'orgueil, crurent bon d'en parler autour d'eux  ... la nouvelle se répandit dans toute la rue des Envierges et chacun de vouloir - le lendemain -  acheter le fameux journal.

    En effet, la photo était bien là! ... mais ... un article l'accompagnait ! Il y était question des petits miséreux de Belleville que leurs parents ne pouvaient pas envoyer en vacances ... à la campagne ou à la mer !
    Trop pauvres pour cela, ils nous laissaient jouer dans les détritus tout l'été !...

    Nos parents furent un peu la risée du "village" mais se consolèrent assez vite en déclarant : "Bof ! ... heureusement on ne vous reconnait pas trop sur la photo" !

     

     



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  • Retour sur les installations d'artistes pour la sauvegarde de la rue Gasnier Guy.
    (Billet du 1er mars 2007)  

    Les lavabos, les pommes de douche et les baignoires rémanentes sont bien ici ... tracés à leur emplacement d'origine. Ces dessins en aplat sont comme une tentative dérisoire pour remplir le grand vide créé par la destruction des appartements. C'est un cri désespéré, poussé par les artistes-peintres du quartier.

    Némo, le célèbre illustrateur des rues de Paris, viendra à la rescousse avec ses pochoirs, dont le poignant : "Ne cassez-pas nos maisons ! ".

    Tout cela sera sans effet ... la rue Gasnier-Guy sera totalement rasée.


    >>  Le grand cri de Némo ...

    >> Némo, porté disparu ...

    >> La dernière fois que j'ai fait du ménage, chez moi aussi la maison s'est écroulée (Némo).


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