• Une petite ville pinardière.



    Léo Malet, dans "Casse-pipe à la Nation" trace un portrait haut en couleur de la petite ville de Bercy:
    "Je m'engage - écrit-il - dans le dédale de la petite ville pinardière, défendue par des grilles contre les assauts possibles des assoiffés."
    Eh oui, car à l'époque, les Entrepôts de Bercy ne sont pas un lieu public. Pour y accéder, il faut être viticulteur ou négociant. Et ce sont ces derniers qui, derrière des grilles, dans le secret des chais, pratiquent les assemblages de vins de différentes provenances.

    Jusque dans les années 60, les consommateurs se satisfont de ces produits à la qualité souvent douteuse.
    Puis le monde vinicole va faire sa révolution. Le bordelais invente la "mise en bouteilles au château", garantie de qualité, elle se généralise rapidement. Le produit qui arrive chez le consommateur est le même que celui qui est parti du vignoble. Les consommateurs deviennent aussi plus exigeants quant à la qualité : plus question de "gonfler" du Bourgogne avec des "Côtes du Rhône", voire avec du vin d'Algérie.

    Aussi, dès 1964, dans le cadre du rééquilibrage de l'Est parisien, la Ville de Paris décide de ne plus renouveler les contrats de location aux négociants de Bercy. Ces derniers quittent progressivement ce lieu mythique pour aller s'installer en banlieue.
    Peu à peu, les Entrepôts ferment, laissant à l'Est de Paris un vaste domaine aménageable. Il s'agit alors d'y créer un nouveau quartier mêlant logements, bureaux et commerces, dans un parc de 13 hectares.

    En 1979, l'ouverture du Palais Omnisports de Paris Bercy marque le début du renouveau du quartier. Suivra bientôt l'implantation du ministère de l'Economie et des Finances.
    Et la greffe a réussi : dans l'imaginaire, Bercy est maintenant plus synonyme d'impôts que... d'un pot !

    Aujourd'hui, plus de 15.000 personnes travaillent ici. L'aménagement du Parc, l'ouverture prochaine de la Maison du Cinéma assurent la vie d'un quartier qui a toujours eu un fort caractère.
    Non, décidément, même sans les pinardiers, Bercy n'est pas mort !


    >> Léo Malet, Tardi et Nestor Burma hantent toujours les lieux.

    >> Voir aussi sur Parisperdu :" Dans les chais de Bercy"

    >>  Voir aussi sur Parisperdu : " Cour St Emilion"

    >> Les entrepôts de Bercy, en images, au siècle dernier.  



    « Paris dans l'oeil des maîtres. (3/3)Paris a-t-il perdu son âme ? »

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  • Commentaires

    6
    Estelle
    Vendredi 1er Août 2008 à 17:54
    Vive Bercy
    J'aime bien votre billet et cette évocation réaliste de ce quartier où je vis.
    5
    Mercredi 4 Juin 2008 à 19:04
    RE: Panoyaux
    Les panoyaux désignent une variétés de raisins (avec de nombreux pépins, mais pas de noyaux donc panoyaux) qui poussaient ici dans les vignes de Ménilmontant, il y a longtemps ...
    4
    Mercredi 4 Juin 2008 à 16:52
    re: chauvinisme
    ah c'est intéressant, je me suis posée parfois la question ce que cela veut dire, les "panoyaux" de la rue des panoyaux... personne de mes amis français ne pouvant repondre, alors peut-être vous me l'expliquez? merci d'avance!
    3
    Mercredi 4 Juin 2008 à 06:16
    Ah Paris...
    Belle photo et superbe texte.
    2
    Mercredi 4 Juin 2008 à 05:43
    chauvinisme
    si j'étais chauvin, je défendrais ma rue des Panoyaux, rien que pour son nom et ce que ça signifie. Ben non. J'préfère penser à Mélac, qui fête ses 70 ans de boîte samedi ! (voir chez Gérard)
    1
    Bertrand C.
    Mardi 3 Juin 2008 à 15:50
    Bercy... beaucoup
    Petit point historique non superflu pour moi qui adore ce quartier où je vis depuis 3 ans. Merci. Beau Blog
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