• Dans le 19ème arrondissement, sur la butte Bergeyre, la vision de Paris est toute autre : la lumière est partout, on se sent hors du bruit de la ville, l'air n'est plus le même ... le privilège des hauteurs ... peut-être.

    Cinq rues seulement entourent, quadrillent ce petit périmètre.
    La rue Georges-Lardennois
    relie la "vraie ville" au village perché sur le sommet. Elle suit un long tracé jusqu'au point culminant qu'elle atteint après avoir enlacé l'ensemble de la butte qui s'élève tel un pain de sucre.
    La rue Barrelet-de
    -Ricou se termine par des escaliers où Willy Ronis a saisi dans son objectif un instant magique, "sur le fil du hasard", comme il se plait à le dire.
    Au cœur de la butte, on trouvera la rue Rémy-de-Gourmont et la rue Philippe-Hecht, toutes deux avec leurs petits immeubles à deux étages bien sagement alignés.

    Et puis, comme pour donner un relief encore plus fantastique à cette étrange butte, on découvre la rue Edgar-Poë. Avec des jardinets étroits comme des jardinières prises sur le trottoir, c'est là que nous croisons ces deux fillettes: les deux sœurs de la rue Edgard  Poë !

    S'appellent-elles Eleonora et Virginia ? Oui peut-être, car sur la butte Bergeyre, nous ne serions pas étonnés de croiser .... les héroïnes de l'une de ses "Histoires extraordinaires" !
    Car enfin, nous sommes bien ici dans un lieu extraordinaire, un endroit isolé et tout à la fois urbain, un quartier unique à l'environnement singulier, un espace à l'écart de la ville, tout en étant dans la ville.
    Ici, nous sommes dans l'arrière-cour de Paris.

     

    >> La tranquillité des sommets.

    >> La rue Barrelet-de-Ricou et ses escaliers dévalant vers l'avenue Simon Bolivar (© Willy Ronis) 

    >> Jean-Jacques Rousseau, un promeneur solitaire et rêveur sur la butte Bergeyre.




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  • Atelier de menuiserie, 33 rue des Montibœuf Paris 20ème.

    On pourrait s'adonner à un exercice absurde et féroce, mais sans doute salutaire : comparer les clichés des guides touristiques de Paris aux images montrées ici, qui sont celles d'endroits reculés de Paris, de lieux souvent aujourd'hui disparus ... Devrait-on en déduire que "Parisperdu" doit se feuilleter comme un album de photographies anciennes où la nostalgie broderait des images trompeuses d'un passé idyllique ?
     
    La nostalgie serait-elle une maladie comme son étymologie grecque nous le suggère (algos = souffrance) ... car, l'on me dit parfois : "par pitié, n'idéalisez pas le passé ..."
    Alors, faut-il être nostalgique d'un Paris d'autrefois ?

    Bien sûr que non, car il faut reconnaître que de
    tout temps, les parisiens se sont servis de l'existant pour inventer quelque chose d'autre, ... et souvent en prenant ce qu'il y avait de bon dans l'air du temps, ils ont pu revivifier leur ville.
    Je dois préciser que Parisperdu n'est pas dans la vénération du passé et se méfie comme de la peste des défenseurs d'une prétendue authenticité de Paris, des détenteurs d'un Paris historique qui s'estiment un peu les gardiens du temple.

    Aussi,
    faut-il plutôt voir "Parisperdu" comme un exercice de mémoire permettant un certain décryptage de l'évolution de la ville ...
    Et si cela vous touche, alors le "pari est gagné",  car, comme l'écrivait Voltaire : "Ce qui touche le cœur, se grave dans la mémoire". 

    Bonne visite ...


     


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    Paris, monstrueuse métropole où "le Nouveau" :de gigantesques buildings de métal et de verre, gagne inexorablement sur "l'Ancien", sur ses rues et ses immeubles traditionnels où ne survivent plus que des pauvres ou des vieux, comme ce couple, Germaine et Albert, que la rénovation de leur quartier va chasser vers la banlieue.

    Paris, où débarquent chaque jour comme sur une planète étrangère, des provinciaux et des émigrés en quête d'un emploi, d'un rêve, d'une adresse introuvable. Bousculée, affolée, Christine trouvera-t-elle enfin la rue où son avenir, croit-elle, l'attend ?

    Paris, ruche bourdonnante où beaucoup s'affairent, telle Raphaëlle, architecte revenue de l'illusion d'œuvrer pour le bien-être de ses semblables mais qui s'acharne à sortir du désespoir et de l'alcoolisme celui qu'elle aime, Vincent, écrivain à la recherche d'une identité perdue dans l'anonymat de la grande cité.

    Paris, où l'on découvre encore des amoureux, Anne et Emmanuel par exemple, êtres jeunes, intacts et pleins d'enthousiasme, capables d'ignorer la froide cruauté qui les baigne tant leurs yeux sont emplis du visage de l'être aimé. Paris, qu'il faut sans doute fuir pour vivre enfin, même si, pour cela, Emmanuel doit quitter Anne.

    Paris, inhumaine fourmilière où chacun, dans la foule bruissante et - pourquoi pas - chaleureuse, espère que "quelque part, quelqu'un"...

    Ce film est une peinture du monde, surtout celui des grandes villes, telle Paris ; c'est aussi un regard résolument intemporel sur la solitude et la condition de l'être humain face à l'absurdité de l'existence.

    Le film n'est cependant pas pessimiste. L'espoir demeure - à la fois dans le "quelque part" et dans le "quelqu'un".
    Dans le "quelque part" car la ville peut être autre chose que l'amoncellement rentable de coquilles fonctionnelles. Et, dans ce Paris, il y a des "quelqu'uns" résolus à ne pas se laisser façonner en ... n'importe qui.


    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Quelque part quelqu'un"  (1/2)


    >> "Quelque part quelqu'un": l'affiche du film, par Michel Folon.

     

     


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    Haut de La rue Laurence Savart Paris 20ème.
     

     

    De Belleville, de Ménilmontant, et de Charonne, maintes représentations ont été données, mais toutes soulignent le côté typiquement "populaire" de ces hauts quartiers de l'Est parisien.

    Des hommes aussi différents qu'Edgar Morin, Raoul Girardet ou Mouloudji ont vécu sur ces hauteurs ... et tous en ont en vanté l'esprit singulier. Tous ont attesté de cette personnalité radicale et indépendante qui s'exprime dans la "vue" que l'on prend ici de la capitale et de la société. Les gens de Belleville contemplent - en effet - la capitale de loin, depuis le "rebord" du plateau de la rue Piat. Edgar Morin parle même "d'une culture de la rue de Ménilmontant".

    Henri Calet dans ses textes (Le tout sur le tout, Acteur et témoin, Les deux bouts) met en valeur la stabilité, la permanence des stéréotypes, des expressions employées pour caractériser l'Est parisien que l'on évoque volontiers par le panorama et par des lieux-souvenirs, comme le Mur des Fédérés.

    Willy Ronis et René-Jacques contribuent par leurs images à mettre en valeur ces "traits urbains", tout comme le fait l'œuvre d'un autre photographe moins connu, Henri Guérard qui a réalisé - en cinquante ans - 24 000 photographies de Belleville !

    Les années 1960 sont des années de mutation au terme desquelles se met en place la rénovation de ces quartiers. Une rénovation souvent brutale et qui introduit une rupture dans l'urbanisme. Des protestations - dans lesquelles la nostalgie n'est pas absente - s'élèvent contre la destruction de Belleville, voire même contre sa simple rénovation. Ainsi, en 1975, Christine Rochefort publie un "Requiem pour Belleville" et la même année, Georges Perec publie "W ou le souvenir d'enfance" où il évoque la mémoire douloureuse de la rue Vilin. Puis les récits, les souvenirs du passé se multiplient: ainsi, jusqu'à sa disparition en 1997, l'écrivain "local" Clément Lépidis dénoncera sans cesse la destruction du cadre de son enfance.

    L'évocation du passé rebelle bellevillois, de son modèle de métissage, de la tolérance, du bien-vivre devient finalement un argument politique.
    Le 20ème arrondissement est celui qui, à Paris, compte en effet la plus forte densité d'associations (600). Les projets de rénovation du bas Belleville se sont toujours heurtés à la volonté conservatrice de ces associations qui cherchent à préserver la convivialité de ce "belvédère populaire".

    Oui décidément, Belleville, Ménilmontant, et Charonne, ces hauts quartiers de l'Est sont bien les "conservatoires du Paris populaire".

    Mais pourront-ils le rester encore longtemps ?

     

    >> Evelyne Cohen, "Jean El Gammal, Les hauts quartiers de l'est parisien, Paris, Publisud, 1998" 

     


     


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  • Démolitions dans le quartier de la Réunion- Paris 20ème.

    "Quelque part quelqu'un", derrière ce titre emprunté à Henri Michaux se tient le premier long métrage de Yannick Bellon, réalisé en 1972. Une histoire qui mêle la fiction et le reportage. Une histoire lyrique. Une déchirante plongée dans les plis sinueux d'une ville, Paris.

     

    La rue, les vieux immeubles que l'on détruit, les nouveaux qui se dressent fièrement, "immobilièrement". Et puis la foule. Le mouvement de la foule. La houle. Le ressac. Marée humaine. Le chant de la foule. Un opéra, porté par la musique unique, "expérimentale" de Georges Delerue, tout concourt à donner à cette fable sur la déshumanisation de la société contemporaine un aspect fantastique et étrange.

    Paris se démolit, Paris se reconstruit. Entre les ruines des immeubles anciens et les constructions "flambant-neuf" se presse une foule partout présente, dans les gares, la rue, les magasins. A toutes les heures du jour et de la nuit.

     

    Quelques personnages isolés dans cette ville de Paris, représentant chacun une génération, se croisent mais jamais ne se rencontrent. Pas d'histoires, pas de stars, ici, le thème de la ville revient comme un leitmotiv.

    Si vous appréciez Parisperdu, vous aimez sûrement "Quelque part quelqu'un".

    A suivre ...


    >> La musique unique, "expérimentale" de Georges Delerue.

    >> La photographe Denise Bellon, mère de Yannick (cinéaste) et de Loleh (comédienne). 


       


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