• Photo © Philippe Hiraga

    Nous sommes en 1971, et désormais, Belleville est désertée par ses habitants, les boutiques ferment les unes après les autres et partout, on mure portes et fenêtres. Belleville tombe peu à peu en déliquescence ...

    Au début du siècle précédent, Belleville était une sorte de campagne avec des pavillons aux jardins peuplés de poulets ou de canards et, aujourd'hui encore, il subsiste quelques traces de ce passé.
    Pendant plus de 30 ans, les habitations sont restées vétustes, sans chauffage ni électricité, vouées à être détruites, ... mais il existait une forme de solidarité entre les habitants car la misère et les épreuves, supportées en commun, soudaient les habitants entre eux ....

    Maintenant que les démolitions débutent, les habitants regrettent, non pas leurs habitations vétustes mais, l'ambiance si particulière de ce quartier.

    Désormais, certains quittent Belleville, d'autres sont relogés dans de nouvelles habitations. Mais, pour tous, il n'est pas simple de briser les liens tissés par le temps et d'accepter que l'histoire de ce quartier s'arrête là.

    Depuis le milieu des années 90, le quartier a changé, beaucoup changé et, si l'habitat a beaucoup gagné en salubrité, on ne peu en dire autant sur la solidarité et la sécurité des Bellevillois.

    On va encore me dire que j'idéalise trop le passé, mais il est patent que le climat n'est plus le même à Belleville où un large périmètre a été classé en ZUS (Zone Urbaine Sensible), c'est dire si les pouvoir publics reconnaissent les difficultés que vivent, au quotidien, les habitants de ce territoire. Dans La cité "Piat-Faucheur-Envierges", des ados tiennent les murs, bloqués "dans le rien". Le soir, dans le parc de Belleville, il n'est pas toujours très sûr de se promener seul(e) dans les allées périphériques ou de s'approcher des porches des villas où l'on traficote et où parfois, des bagarres éclatent ...
    Il n'y a, bien souvent, qu'un pas de la déliquescence à la délinquance  ...


    >> Belleville : "C'est déjà ça ..."

    >> Voir aussi dans Parisperdu: "Démolition des murs ... démolition des vies ..."

    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Jours tranquilles à Belleville"

     

     


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  • Sur la butte Montmartre, la place du Tertre est connue pour être le lieu de prédilection des peintres. Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Modigliani, Poulbot, Pissarro et beaucoup d'autres ... moins prestigieux, ont trouvé l'inspiration sur la butte.

    Léon est l'un des leurs, même si, avec sa modestie naturelle, il se qualifie de "gribouilleur". Et voilà près de 40 ans, qu'il a établi son "atelier à ciel ouvert" sur la bien nommée place du Tertre qui culmine à 130 mètres d'altitude.

    Léon, qui a aujourd'hui 79 ans, est installé au centre de la place, au milieu des quelques 300 artistes qui pratiquent, ici, différents styles de dessin. Ses confères l'appellent "Monsieur Léon" car, toujours "tiré à quatre épingles", il dégage un prestige certain.

    Des touristes venus du monde entier s'attardent, parfois longuement,  pour voir la création de ses œuvres en "direct live", car Léon, l'un des portraitistes les plus doués, n'a pas ici son pareil pour "vous tirer le portrait" en quelques minutes.
    Fusain, crayon ou pastel tenus fermement par ses vieux doigts secs mais toujours agiles, glissent sur la feuille de velin d'arches avec grâce et précision.

    Amélie Poulain et son "fabuleux destin" a boosté la venue des touristes qui désormais, sont présents à Montmartre tout au long de l'année, et ce, pour le plus grand plaisir de Léon qui - dit-il - "ne pense pas prendre sa retraite avant 2020", date à laquelle, il suffira "de lui faire traverser la place !". Comprenez, qu'il a réservé une concession depuis longtemps au petit cimetière de St Pierre de Montmartre ... 

    "Monsieur Léon", un artiste montmartrois "à la vie, à la mort" ... essayez-donc d'en trouver un plus authentique que lui ...


    >> Les peintres de la place du Tertre, l'esprit bohème de Montmartre.

    >> La place, un soir d'hiver.




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  • La rue Watt en cours de démontage, Mars 2000.

    Le quartier Tolbiac, dans le 13ème, a vécu une opération d'urbanisme considérable, où le maintien de la gare d'Austerlitz a obligé à construire au-dessus des voies pour rentabiliser au maximum l'opération Paris Rive Gauche.
    Dans ce contexte, la question de la conservation d'éléments forts du quartier aurait dû faire l'objet d'une approche globale, mais le problème n'a même pas été vu et rien n'a été fait pour la prise en compte de ce patrimoine qui aurait permis d'ancrer le secteur dans son passé.
    Mais au fait, c'était comment avant ... ?

    Il y avait là très peu d'habitants mais quelques grands bâtiments industriels, en béton, en brique - magnifiques - et aussi quelques morceaux de paysage "à la Tardi", des villas, des escaliers en meulière, et la fameuse rue Watt...

    Tout cela sur des terrains appartenant en majeure partie à la Sncf, qui n'a eu aucune perception de ces richesses du passé, elle qui n'a pas l'habitude de regarder en arrière. Et aujourd'hui, nous nous apercevons que ce qui aurait pu devenir un patrimoine a beaucoup souffert : on a, par exemple, couvert la rue Watt de dalles-caissons, on l'a écrêtée, aseptisée, ... il n'en reste rien. Le charme de cette rue, si particulière, chanté par les poètes, mis en lumière par les photographes, a totalement disparu.

    Pour réaliser le grand projet
    Paris Rive Gauche, on a donc beaucoup détruit ... De trop rares édifices, préservés à grand-peine -  tels les Grands Moulins de Paris, les Frigos, et la Sudac, cette ancienne usine d'air comprimée -  jouent encore un rôle de repères, de passeurs de mémoire. Mais au final, le quartier est devenu une sorte de zone étrange, un désert peu engageant où la Seine, pourtant toute proche, est bizarrement absente et où l'environnement de la Bibliothèque Nationale de France est pour le moins glacial.
    Au fait, c'était comment avant ... ?


    >> La rue Watt, dans Parisperdu (1)

    >> La rue Watt, dans Parisperdu (2)

    >> La rue Watt, dans Parisperdu (3)

    >> La rue Watt, dans Parisperdu (4)

    >> Voir aussi "Rue Watt, lieux retrouvés N°15".




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  • Dès que j'eus pénétré dans la cour de la rue du Retrait, j'eus une impression très particulière: nous n'étions plus dans les années 2000 !
    Je ne savais plus en quelle année nous étions : certes pas dans les années 50, mais cela ressemblait aux années cinquante ... ou soixante.
    L'isolement du lieu avait-il ralenti le temps ?

    Pourtant tout autour, les constructions modernes ne manquaient pas, les gens étaient habillés normalement, les voitures étaient toutes récentes, ... mais ici, il semblait que l'on pouvait vivre différemment, et surtout plus fort qu'ailleurs.

    Et même si, à cet instant, je trouvais l'impasse totalement déserte, l'ombre de la petite fille photographiée, ici, par Willy Ronis, semblait gravée, à jamais, sur le pavé encore intact ...
    Il en résultait une impression de bien-être et d'optimisme qui recréait l'ambiance d'une époque où l'on croyait encore à l'avenir ...


    >> Cour, rue du Retrait Paris 20 ème - La photo de Willy Ronis (© Willy Ronis).

     

     


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  • Angle de la rue de Vitruve et de la rue Florian

    C'est un bâtiment qui ne paie pas de mine. Il est grisâtre et rouge délavé avec des ouvertures encadrées par des pierres de taille d'un autre âge. Il n'a rien d'extraordinaire, mais sa position en angle, bien en vue dans ce carrefour et une touche d'une certaine "classe" sans doute héritée de son passé, de son histoire, font qu'invariablement il attire l'œil du passant.

    Il donne sur une petite rue en pente, une rue comme beaucoup d'autres dans ce quartier du 20ème. On dirait une MJC des années 1980, en moins propre...
    D'ailleurs, l'acronyme de l'endroit porté sur la façade prête à confusion ... Il est inscrit en lettres blanches : "MCJ, entrée visiteurs".
    Entendez, "Manufacture de Chaussures Jivry", mais seuls ceux qui ont travaillé dans ce bâtiment le savent !

    Car ici, on a, durant plus de 40 ans fabriqué des chaussures pour dames, pour hommes, pour enfants ... Tout cela dans la discrétion de ce petit atelier perdu au cœur du vingtième arrondissement. Mais depuis déjà bien longtemps, la Manufacture de Chaussures s'est retirée d'ici, ... sur la pointe des pieds.


    >> Voir aussi : "Maurice, l'artisan-bottier de Belleville a 100 ans !"

     

     


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