• Ici s'arrête le monde …

     Esplanade de la Grande Bibliothèque Paris 13ème (juin 2008)

     

    Au centre de l'allée une borne rouge, comme un ultime souvenir d'un pays qui n'est plus.

    Et là, au milieu des gratte-ciel, nous voilà entourés de toutes parts, coincés, … comme dans une impasse. Cette infinie perspective, aussi nue qu’inéluctable nous consterne, nous effraie. Ce n'est que par la ligne de fuite que l'on peut apercevoir la réalité, comme un pays lointain désormais inaccessible, un univers figé et dépossédé.

    Alors, dans ce monde aseptisé et froid du nouveau Paris Rive Gauche, cet enfermement fait s'étioler la vitalité bordélique que l'on rencontre aujourd'hui encore dans les autres arrondissements, pourtant tout proches, de l'Est parisien. 

    Mais ici, sur l'allée d'ipé, les êtres vivants que l'on croise sont indifférents aux autres humains, car ici s'arrête le monde. Pour certains il n'y a alors plus rien, pour d'autres, c'est peut-être ici que se trouve l'essentiel …
    Mais souvenons-nous du proverbe grec : "Ici s'arrête le monde, dit l'aveugle ayant touché le mur".

     

    >> Avenue de France: " L'ennui naquit un jour de l'uniformité ..."

    >> J'aurais aimé que ce monde me parle ...

     


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  • Mes conversations avec Willy Ronis.

     Willy Ronis en 1979 - Copyright © Martine Franck / Magnum Photos

    Nous sommes le 26 septembre 1995 et je rencontre Willy Ronis pour la première fois. Ce jour-là, Ronis donne une projection-conférence à la Fnac Etoile et à la fin de celle-ci, c'est Régis Debray qui m'introduit auprès de lui. Il y a bien longtemps que les photos de ce grand Monsieur m'émeuvent et aussi m'inspirent. Alors tout de suite, je lui fais part de mon admiration pour son travail sur Belleville-Ménilmontant, ces quartiers populaires de l'Est parisien qu'il a si bien photographié.

    Je lui parle de sa photo du 32 rue de la Mare et là, … c'est le déclic. D'un ton enthousiasme, il me demande si j'y suis allé récemment et si la fabrique de chaussures est toujours là ? " Oui -lui dis-je, elle était même encore en activité lorsque que j'y suis passé il y a environ 6 mois. Je pourrais même vous montrer les photos que j'ai prises à cette occasion".

    Plus tard lorsque je mets en ligne sur Parisperdu les dites photos, je le fais savoir à Willy Ronis. Il me répond aussitôt : "Je regrette fort de ne pouvoir répondre à votre blog, n'étant pas informatisé … mais si vous vouliez venir chez moi, rue de Lagny, nous pourrions en discuter".

    Si je voulais venir ? Et comment, que je veux bien … "Trop d'la chance", comme disent les ados. Un rendez-vous est rapidement pris.

    La suite vous a déjà été contée par le détail, ici-même, dans Parisperdu, et vous pouvez découvrir ou redécouvrir tout cela, en seulement quelques clics:

    - "Oui Willy, elle est encore là ..." 
    -
    Sur le banc avec Willy Ronis.
    - Les couleurs de Belleville.

    - La rue Laurence Savart, si chère à Willy ...

    - Chez Willy Ronis, grand témoin du Paris des petites gens.

    - Un jeune homme ...de presque cent ans !

    - Arles 2009, et ce fut la dernière ...

    - La photo de Willy Ronis fait débat ...

    - Dernier appel ! 

    - Au revoir et merci Monsieur Ronis.

    - Retour rue de Lagny. 

     

    Un mot encore, un simple post-scriptum, au sujet de ces entretiens, les 4 "spots" comme disent les "surfeurs", ou si vous préférez les 4 lieux qui revenaient sans cesse lorsque nous évoquions nos déambulations dans les rues de l'Est parisien étaient:

    - Le 32 rue de la Mare,

    - La butte Bergère,

    - La rue de la Cloche,

    - la cour de la rue du Retrait.

     

    Que reste-t-il de ces lieux aujourd'hui ? Plus grand-chose, à part bien sûr la discrète butte Bergère …

     

     

    >> Willy Ronis sur Parisperdu …

     


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  • Quand les murages font rage ….
    Passage Ramey Paris 18ème (octobre 2009)

     

    Ce matin, parti à la découverte du 18ème, sous tous ses angles et coutures et aussi toutes ses cultures, je m'engouffre dans le passage Ramey. C'est un lieu insolite qui se parcourt parfois en plein air, mais vous fait aussi parfois vous engager comme dans un tunnel. Vers son milieu, je tombe sur ce murage avec cette inscription singulière d'un passe-muraille du quartier qui déclare fièrement : "Been through it !"

    Et moi aussi, j'aurais pu lui répondre: "I've been through it", car oui "J'ai déjà vécu cela" dans le 20ème arrondissement du côté de la Réunion où les murages ont longtemps fait rage …

    Tout cela sonne comme un hommage au Passe-muraille, la plus fameuse nouvelle de Marcel Aymé, où se croisent réalité et fiction. Mais rappelons que le personnage de Dutilleul, doté du pouvoir de traverser les murs s’y trouve finalement enserré dans la pierre, prisonnier du dernier mur qu’il tente de traverser. Aussi, passage Ramey, je passe tranquillement mon chemin …


    >> Passage Ramey, comme dans un tunnel …

    >> Been through it…

     

     

     


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  •  

    C'est la litanie des "derniers" qui continue à s'égrener. Après le dernier bottier, le dernier atelier de serrurerie, le dernier étameur, le dernier décolleteur … mais aussi le dernier fabricant de jambon à Paris, c'est aujourd'hui le dernier ferronnier qui est menacé de fermer ses portes et donc de rejoindre la longue liste des métiers disparus dans Paris intra-muros, et de rejoindre aussi notre "Paris perdu"

    La partie se joue au 48, rue Ramponeau, dans le vingtième arrondissement, un arrondissement qui a longtemps été celui des ateliers, des petites usines manufacturières, et qui, depuis déjà plusieurs décennies, est livré à l'appétit des promoteurs.

    Au 48 donc, l’artisan ferronnier Grésillon a son atelier, son voisin dans la même cour, l'entreprise de verrerie/miroiterie Maestrini a fermé il y a deux ans, mais dès 2005, la Mairie de Paris avait préempté ces locaux, expressément pour protéger l’activité de l’artisanat. Or récemment, la Semaest, partenaire de la ville de Paris, a dévoilé son souhait de vendre ces bâtiments et, l’acheteur est un promoteur qui n’aurait pas caché son intention de tout démolir.

    Est-il acceptable que disparaisse la dernière ferronnerie de Paris, employant 8 personnes, ainsi que les ateliers d'artistes situés dans les mêmes bâtiments ? Est-il acceptable que cette cour, lieu historique de … la création des Ateliers d'Artistes de Belleville (AAB), perde la diversité de cet ensemble d'artisans, d'artistes, d'habitants, d'associations et d'activités pour enfants ? Est-il enfin acceptable de détruire l'âme de ce site, patrimoine de Belleville, au charme et la renommée unanimement reconnus ?

    Si vous pensez que non, alors vous pouvez vous manifester auprès de la Mairie de Paris, en signant la pétition (ci-dessous) pour préserver les emplois, les mètres carrés "artisanaux et artistiques", et afin de soutenir le dynamisme culturel et économique de ce lieu. Car non, le 48 rue Ramponeau ne veut pas mourir …


    >> Signer la pétition.

    >> L'atelier Grésillon, site officiel.

    >> L'atelier de verrerie/miroiterie Maestrini.

    >> La page facebook du 48, rue Ramponeau.

    >> Le précédent de La Forge de Belleville.

    >> En visite chez les artistes et les militants de Belleville.

     

     

     

     


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  • Émile Savitry, photographe méconnu.

    Dans un bar de Pigalle, un apache et sa protégée, Paris, 1938, © Émile Savitry

    Encore un photographe de talent, un photographe humaniste qui longtemps est resté dans l’anonymat avant que son œuvre photographique émerge de l’obscurité à partir de 2006, à l'occasion de la belle exposition à la BNF consacrée à la "photographie humaniste 1945-1968".

    On se souvient pourtant qu’entre 1932 et 1934, il fut l'assistant de Brassaï et aussi qu'il a fait partie de l’une des grandes agences photographiques de l’après-guerre, Rapho, dans laquelle on retrouvait entre autres Robert Doisneau et Willy Ronis qui feront partie du fameux Groupe des XV. Curieusement Emile Savitry n’en sera pas.

    D'abord artiste-peintre, Emile Savitry, décède en 1967. Peu après, Claude Roy écrit à son sujet "il avait plus d’une corde à son art: peindre, photographier, voyager (ne rien faire). Mais ce qui ne l’intéressait pas c’était de réussir".
    C’est peut-être pour cette raison que son œuvre est restée aussi longtemps dans l’ombre. 

     

    >> En savoir plus sur Emile Savitry.

     

     


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