• La rue Jean-Moinon, Paris 10ème, en 1969.

    Le sentiment d’appartenance des habitants à Belleville joue un rôle tout à fait important dans l’accueil qu’ils font aux projets et travaux de rénovation de leur quartier, aussi l’histoire de Belleville est-elle riche en mésaventures immobilières et urbanistiques.

    Sur les hauteurs de Belleville, l'opération de rénovation urbaine des années 70, se solda par le départ de 6 500 habitants, pour beaucoup vers la banlieue, et dont 200 seulement trouvèrent le moyen de revenir.

    Cette déportation vide Belleville de sa population active, Belleville devient alors un quartier à part, abandonné, démoli, et se forge alors l’identité d’un isolat maudit, replié sur lui-même, fier de son originalité : accueillir les exclus de la Ville.

    Ce quartier, dont la légende est historiquement structurée par les combats de la Commune et le massacre final des Fédérés connaît un second épisode traumatisant avec cette rénovation urbaine effrénée qui marque fortement l’imaginaire des habitants de Belleville. Tant et si bien que des habitants aux origines bigarrées trouvent à utiliser la légende dans une dynamique exemplaire d’intégration pluriethnique.

    Malgré la profondeur du traumatisme subi par Belleville lors de la rénovation urbaine des années 70, on peut cependant observer aujourd’hui, que quarante ans après la condamnation du quartier à la démolition, vingt ans après l’achèvement des nouveaux édifices, le mythe de Belleville est toujours bien présent.

     A suivre …

     

     

    >> La rue Jean-Moinon est l'une des rares rues survivantes de la rénovation urbaine de Belleville, quarante ans plus tard, elle présente le même visage

    >> Belleville: "East side story" (1/4)

     

     

     


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    Il y eut une époque où le quartier de Belleville avait pour le parisien à peu près la même réputation que celle que peut avoir aujourd’hui le Bronx pour les new-yorkais.
    Bien que fortement atténuée par une considérable mutation urbaine et sociale, cette image perdure encore quelque peu de nos jours.

    Il n’est pas indifférent dans le destin de ce quartier qu’il se situe sur une colline.
    Paris compte en effet une demi-douzaine de collines: la Butte-aux-Cailles, Montparnasse, Montmartre, Belleville et Ménilmontant, … collines dont l’abandon aux classes pauvres, laisse à penser qu'à l’époque d'Haussmann, les sites en hauteur n’étaient pas dignes du nouvel urbanisme.

    Sur ces collines, restées à l’état de villages, avec leurs vignes, leurs asperges, leur bétail et leurs volailles, … le mode de vie rurale continua de résister longtemps. Leurs habitants se retrouvaient "à la campagne à Paris", nom que porte encore d’ailleurs deux ou trois quartiers pavillonnaires, désormais minuscules.

    Cette résistance rurale évolua ensuite par les renforts qu’apportèrent à ces collines des laissés-pour-compte et des mécontents de tout acabit, ceux-ci atterrirent ici non seulement pour des raisons foncières (le prix modéré des loyers), mais aussi pour des motifs politiques, ou tout au moins par une attitude de désapprobation de la société mercantile qui se construisait en bas. La classe dangereuse ruminait ses mauvais coups sur ses hauteurs, "prête à fondre sur les beaux quartiers ".

    Les points géographiques élevés possèdent pourtant des atouts pratiques certains (grand air, luminosité, vastes panoramas, territoire facile à défendre), ainsi qu’une psychosociologie spécifique car leur exiguïté et la difficulté d’accès leur donnent un caractère quasi-insulaire où l'on cultive sa différence.

    Concernant Belleville, l’agrément du paysage, vu du belvédère, pourrait avoir été si déterminant dans le caractère du lieu qu’il serait à l’origine même de son nom, dérivé de Beauregard (le nom de la butte de la Place des Fêtes à l’origine), en passant par Bellevue (encore de nos jours le nom d’une rue près de cette Place).

    Cette histoire urbaine mouvementée pose quelques problèmes quant aux représentations des habitants de Belleville par rapport au centre de Paris. Il y a certainement une identité bellevilloise, mais Belleville appartient clairement dans les esprits à Paris intra muros. L’ex-village et ancien faubourg regarde d'ailleurs d’assez haut la nouvelle banlieue.

    "Belleville", ce terme qui englobe de plus en plus Ménilmontant comme un sous-quartier, possède à la fois la réalité urbaine d’un noyau dur évident (de la Place des Fêtes vers le sud, le long de la rue de Belleville, jusqu’aux alentours du boulevard du même nom, axe réunissant le Haut-Belleville et le Bas-Belleville), et des limites subjectives floues.

    Si les habitants de la Place des Fêtes prétendent couramment habiter Belleville, il en va encore de même des riverains de l’Est de la Place Stalingrad, de l’autre côté des Buttes-Chaumont, où des personnes estiment habiter Belleville "à sa limite avec Paris", expression étonnante qui montre que certains de ses habitants limitrophes tiennent à bien distinguer Belleville de Paris !

    A suivre …

     

     

    >> Voir aussi : "Dans la jungle de Belleville".

     


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  • Rue de la Cloche -Paris 20ème (1994)

    1948, Willy Ronis, en chasse photographique, parcourt ce secteur de Ménilmontant, rue de la Cloche. Il y surprend une jeune femme, en peignoir, qui entre dans son immeuble.

    1994, sur les pas du Maître, je déambule dans ces mêmes petites rues. Les pavés disjoints, et les immeubles lépreux, bien malades sont toujours là  … point de femme en peignoir mais une africaine en boubou regagne, elle aussi, son domicile.

    2010, de retour sur les lieux, je ne reconnais plus rien … tout est bouleversé …
    La butte dénudée qui est là, était pourtant autrefois occupée par des rues, des immeubles …
    A leurs places, seuls se dressent quelques arbres chétifs et des allées dessinent l'ébauche d'un jardin récemment créé …

    Une plaque indique: "Square du Docteur Grancher". La rue de La Cloche n'existe plus …
    Je suis arrivé trop tard au chevet du malade.


    >> "Rue de la Cloche, Ménilmontant, Paris, 1948" - Photo : ©Willy Ronis.
     

    >> La rue de la Cloche en 1994.

    >> Le Square du Docteur Joseph Grancher en 2010  -  (nouveau secteur Cloche-Bidassoa).

    >> La rue de la Cloche, déjà sur Parisperdu.



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  • Angle de la rue de la Réunion et de la rue des Vignoles Paris 20ème - Juillet 1996

     

    A Ménilmontant, cette maison de village devait être rasée.
    Vouée à la destruction, "la Vierge " est  une miraculée de la pelleteuse, sauvée grâce à la résistance des associations du quartier Réunion.
    Elle abrite désormais un bistrot à vins… et, à l'angle de la rue des Vignoles, quoi de plus normal car, pour la petite histoire, rappelons-nous que ce nom évoque la culture de la vigne, jadis principale activité de cet endroit, sur le coteau de Charonne.

     

    "À la Vierge de la Réunion" voit le jour en 1958, et accueille alors les artisans du quartier qui viennent s’y restaurer autour de sa spécialité : le couscous.

    Mais depuis le sauvetage de l’établissement, "la Vierge" a été réhabilitée, modernisée et a "monté en gamme". Aujourd'hui, Mourad en salle et Leila aux fourneaux, vous proposent désormais une cuisine de qualité, simple, faite "comme à la maison", avec un très bon choix de vins.


    Ici, l'hospitalité reste "à l'ancienne" et, dans une ambiance décontractée et conviviale, on retrouve l’âme du quartier.
    "À la Vierge de la Réunion" est assurément une adresse à connaître …



    >> L'esprit de la Vierge …

    >> Leila Houari, une femme pas ordinaire, aux fourneaux de "La Vierge de la Réunion".

    >> "Vous voulez voir la carte ?"



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    La rue de Belleville est l’une des rues les plus animées de Paris. Et pourtant, dans beaucoup de ses cours intérieures, règne un calme surprenant.

    Ainsi, au 140 de la rue, vous pénétrez dans cette ancienne cité ouvrière construite en forme de U. Les murs de cette cité sont les derniers et fragiles témoignages d'une civilisation emportée par le vent du changement, car plus bas, rue de Belleville, les modernes façades, lisses et monotones, partout règnent en maître …

    Souvent je me surprends à observer le renouveau de ce quartier comme Monsieur Hulot contemple la Modernité : d'un œil amusé … mais circonspect.


    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Habitat populaire à Ménilmontant".

     


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