• Rue Westermann  Paris 20ème – (1996)

    Que reste-t-il de l'habitat populaire de Ménilmontant ?
    Dépassé, archaïque, moribond, l'habitat populaire de Ménilmontant vit depuis des décennies, la chronique d’une mort annoncée.
    Le jeu de go continu, c'est la tactique de l'encerclement qui prévaut ici …

    L'Est parisien a déjà bien changé mais va encore beaucoup évoluer.
    Pour autant, va-t-on y vivre mieux ? Tout dépend pour qui !

    Paris devient une ville plus petite-bourgeoise, moins populaire. L’arrivée de nouvelles populations dans le Nord et l’Est a modifié la physionomie urbaine. Ces nouveaux résidents, qui travaillent dans la pub, la mode, les médias ou le design, ont assez d’impact sur leur environnement pour l’ajuster à leur mode de vie. Aussi, inéluctablement, on va vers une homogénéisation des habitats et des habitants.

    L’amélioration du cadre de vie rend Paris plus attrayant et c'est tant mieux. Mais cela entraîne une augmentation forte de la demande de logements (due aussi aux difficultés de transports "centre-banlieue") avec son corollaire automatique : des prix de l’immobilier en très fortes hausses dans les quartiers autrefois les moins prisés.

    Oui, la qualité de vie à Paris est bonne… à condition d’y travailler, et d’avoir les moyens de s'y loger...

     

    >> Voir aussi "Parc zoologique de Ménilmontant". Pour que l'habitat populaire de Ménilmontant ne devienne pas le dodo de l’île Maurice.


    >> Pour aller plus loin, lire : "Sociologie de Paris", de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, éditions La Découverte.

     

     

     

     

     

     


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  • Terrain d'aventures des Petits Pierrots, au 15 rue des Vignoles Paris 20ème (juin 1997)

     

    Dans les interstices de la ville, sur les terrains laissés vacants à la suite de démolitions, les petits Pierrots s'ébattent joyeusement.

    L'association "Les Petits Pierrots" -  installée dans le 20e arrondissement - a pour objectif de proposer aux adolescents et aux enfants du quartier de la Réunion des activités pour qu’ils sortent de leur hall d’immeuble. Dans ce secteur de l'Est parisien, les Petits Pierrots s'occupent de jeunes dont personne ne veut s'occuper.

    Au départ, en 1988, l'association a créé des "terrains d'aventures" où les jeunes peuvent se réunir librement. Un terrain d'aventures, c'est un terrain vague converti en aire de jeu et de découverte, aménagée par et pour les enfants.

    Mais le terrain d’aventures ne résiste pas à la pression immobilière, il déménage au gré des constructions nouvelles qui s'édifient sur les sites occupés provisoirement par les Petits Pierrots : rue des Amandiers, rue des Vignoles, rue de Fontarabie … puis plus rien depuis 2008 : plus de terrain … plus d'aventures !

    Reste aujourd'hui un espace d’accueil et de loisirs, dans un local d’une cinquantaine de mètres carrés en sous-sol, au 33 rue de la Réunion, où les jeunes peuvent se retrouver autour de jeux de société et de jeux vidéos, peindre, ou préparer des spectacles pour les parents …

    Mais depuis plus d’un an, l’association ne peut plus payer son loyer et les Petits Pierrots, après 22 ans d’activité, sont menacés d’expulsion. Sans local, l’association n’aura plus qu’à fermer ses portes.

    Toutefois l’association devrait pouvoir conserver son local de la rue de la Réunion après avoir trouvé in extremis un accord avec la mairie du 20e qui a ainsi voulu signifier l’importance qu’elle accorde aux Petits Pierrots dans le quartier de la Réunion.

    La mairie du 20ème pourrait même envisager de verser une aide à l’association pour solutionner définitivement ses problèmes de financement.

    Les Petits Pierrots ne sont pas encore sauvés, mais même au clair de la lune … leur horizon s'éclaircit bigrement …


    >> Le blog des Petits Pierrots.



     


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    Amoureux de Paris, Parisperdu multiplie les itinéraires à travers la capitale, à la fois moderne et nostalgique, il cueille les roses de la cité, sans jamais oublier les mauvaises herbes.

     

    Déjà midi, mais la ville semble à peine sortir d'une léthargie hivernale: Belleville, la colline oubliée de Paris est juchée sur sa solitude. De-là, il est possible de mieux comprendre ma ville, mon Paris, en effectuant un parcours dans l'imaginaire de cette cité en perpétuel mouvement, une mémoire des pas qui emporte là où l'enfance à laissé des traces indélébiles. Là où les façades tombent en poussière, où renait un Paris toujours conquérant, mais pour moi rarement séduisant … et auquel je préfère un Paris secret, intime, loin de tout maquillage.

    Belleville avec son aspect unique, sa mixité de nationalités, c'est le Paris du pauvre, le Paris de la marge. Mais la vie y est joyeuse, bruyante, pleine de liberté … et  j'y retourne souvent pour y retrouver mes réflexes conditionnés.
    La mémoire des pas, puis s'asseoir sur un banc, près de petits commerçants hyperactifs, au milieu des piaillements d'enfants, de la circulation incessante, des musiques qui s'entremêlent, des effluves de menthe, de coriandre … et alors vous voilà en prise directe avec cette ambiance chaotique, colorée, excessive … la vie, quoi !

    Et là, parmi les regards brûlants pris dans les mailles d'une lumière hésitante, le long des façades crasseuses, dans les ruelles cachées, les bars mal famés, la légende de Belleville se traine encore.

    Le changement de la population de Belleville et de Ménilmontant n'est pas toujours perceptible mais il est actif. La politique de la Ville a changé la donne: le modèle de ville qui est proposé est celui d'une ville "bien propre sur elle", d'une ville sélective … ce qui entraine fatalement un changement dans l'imaginaire de Belleville.

    Nouvelle conception de l'espace, nouvelle conception de la cité, comment ne pas être sensible à la crise d'identité de ces quartiers de l'Est parisien ? Car à Paris, il y a encore quelques décennies, chaque quartier avait sa personnalité, jusqu'à l'arrivée de cette uniformisation. Chaque jour, j'observe la victoire de cette architecture de rénovation, poussée par la spéculation immobilière, qui conduit à la pasteurisation d'une certaine façon de vivre …

    Belleville n'est pas, comme le reste de Paris, rempli de monuments imposants, mais c'est un quartier qui a plein de petites choses intéressantes … Histoire, architecture, urbanisme, révoltes, réformes, Belleville n'en finit pas de renouveler sa garde-robe.

    Au marché du boulevard de Belleville, il faut venir le matin humer l'air pétillant de
    la ville.
    Là, fruits, légumes, couleurs, odeurs, lumières, rien n'a changé. Au marché, se croisent touristes, adolescents aux percings, parisiens blasés, immigrés chinois, africains … Un brassage de population exceptionnel tant par les nationalités que par les classes sociales. Mannequins light, ménagères en goguette, écrivains inspirés, designers réputés, voleurs à la tire, Belleville demeure un lieu unique dans la capitale.

    Après le marché, sur le boulevard, des enfants de toutes nationalités jouent ensemble au football. Les épiceries turques, sénégalaises, chinoises … émergent de toutes parts. Ici, c'est une vie sauvage qui bourgeonne.

    Flâner, encore flâner, marcher au hasard des rues, puis aller boire une bière à "La Veilleuse" et c'est un moment de plaisir. En dehors de ce lieu, je ne retrouve plus aucun café où passer un moment agréable. Les opérations spéculatives des années 70 ont abouti à la destruction de la quasi-totalité des bistrots. Maintenant, tels des acteurs: dealers, touristes, parisiens se côtoient, apparemment indifférents les uns aux autres. Assis derrière ma bière, je ne me lasse pas du théâtre de ce carrefour.

    Et, lorsque le soir pointe, les ombres s'allongent, il devient alors le rendez-vous d'une faune qui fait fuir beaucoup de personnes …

    Fidèle à son Histoire, Belleville la métisse fait de la résistance …



    >> A la découverte de Belleville et de Ménilmontant ...

    >> Belleville, embarquement immédiat ...


     


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  •  "Au Bon coin", à l'angle de la rue de la Duée et de la rue Pixérécourt, Paris 20ème


    A Paris, des petits bistrots et des restaus à l'enseigne du "Bon coin", il y a en presqu'un par arrondissement.

    A la jonction de la rue de la Duée et de la rue Pixérécourt, celui-ci avait beaucoup de charme car il occupait l'une de ces maisons d'angle, si caractéristiques de l'ancien village de Ménilmontant.

    Jusque dans les années 90, ce "Bon coin" était un havre de paix et de convivialité. La cuisine servie ici, était familiale et copieuse, et pour quelque 7 ou 8 euros vous pouviez vraiment vous régaler. En été, prendre un verre là, sur sa mini-terrasse en légère pente, était une expérience unique. Certes l'établissement n'était pas luxueux, loin de là, mais les deux vases en fonte qui surplombaient la façade lui donnaient une petite touche "versaillaise", un supplément de grandeur ...

    Puis les clients se sont fait rares dans ce coin reculé du 20ème arrondissement et un jour, le bistrot ferma définitivement ... Une pizzeria vint s'installer là quelque temps, le gérant repeignit la façade d'un rouge criard qui n'avait pas sa place ici. On se doutait bien que la Pizzeria Virginia ne ferait pas long feu ... et effectivement, elle baissa le rideau assez rapidement.

    Aujourd'hui, le "Bon coin" est mort, l'avis de décès a été publié et, depuis longtemps déjà, il a abandonné ses fonctions commerciale et sociale.

    Des bobos à l'affût de ce type de local ... "si authentique, si tendance", ont transformé le bistrot en une habitation atypique, le genre de logement qu'ils aiment entre tout.
    Et aujourd'hui, quand je repasse dans le "coin", je ne retrouve plus rien de "bon" ...

     

    >> L'éphémère Pizzeria Virginia

     

     


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    Photo: © AFP

    Les Chinois de Belleville sont descendus dans la rue.
    Le 20 juin 2010, plus de 10 000 personnes, majoritairement d'origine asiatique, se sont rassemblées pour protester contre l'insécurité qui gangrène le quartier. Sur les banderoles déployées et les tee-shirts édités spécialement pour l'occasion, de nombreux slogans consensuels: "Sécurité pour tous", "Belleville quartier tranquille", "Halte à la violence" ou encore "J'aime Belleville".

    Cela fait des années que les Chinois, selon leurs dires, subissent la loi des bandes ultraviolentes qui écument les quatre arrondissements de Belleville (Xe, XIe, XIXe et XXe). Mais pourquoi s'en prendre plus particulièrement aux Chinois?

    C'est que les Chinois constituent une proie idéale pour des bandes de jeunes désœuvrés, de plus en plus mobiles et organisés. Ces derniers comptent tout simplement sur le fait que certains, étant en situation administrative irrégulière, ne peuvent avoir de compte en banque, et perçoivent donc leur salaire en espèces. Sans papiers, ils ne vont pas aller porter plainte auprès de la police... les voilà donc placés au rang de victimes idéales que l'on peut dépouiller presque sans risque.

    Mais ces voleurs cherchent d'abord l'argent facile, c'est tout. Ils ne ciblent pas les Chinois parce qu'ils sont Chinois. Il ne faut pas tout confondre. Il n'y a pas de guerre ethnique à Belleville. Cependant, cette situation est bien triste pour le quartier de Belleville où les trois communautés juives, maghrébines et chinoises ont, depuis toujours, vécu dans la paix et la bonne entente.

    Aujourd'hui, prise en otage par des bandes de jeunes ultraviolentes, la population de Belleville, le quartier parisien aux 80 nationalités, vaudrait bien retrouver la sérénité.


    >> Violences/Belleville: 13 bandes identifiées.

    >> "Chinoiseries à Belleville".

    >> Belleville, de la déliquescence à la délinquance.

     

     

     


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