• Rue Pixérécourt, Paris 20ème _ 1984

    A Belleville, dans les années 1960, tout le monde sait que les vieux immeubles ne seront plus entretenus car ils ont vocation à être détruits lors de la future rénovation du quartier qui déjà se dessine. Les habitants commencent alors à déménager, souvent déplacés dans les nouveaux HLM "confortables" de Sarcelles ou de Créteil. Mais paradoxalement  de nouveaux venus, notamment des migrants du Maghreb, s’installent dans ce bâti libéré ... pour quelque temps.

    Dès la fin des années 70, les démolitions vont bon train et la rénovation des années 80, conduira à la "désastreuse" transfiguration de la Place des Fêtes, et à la politique des "Zones d’Aménagement Concertées" aux Amandiers à Ménilmontant ou dans le Bas-Belleville.

    Les conditions de la "rénovation" de ces quartiers, le relogement, la conception des constructions nouvelles sur fond de spéculation immobilière ne seront pas sans conséquence sur le plan social et humain. Elles conduiront à la détérioration des conditions de vie et à la destruction des structures sociales. Et aujourd'hui encore, on ne peut que dresser le constat d’un immense gâchis urbanistique et humain.

    Passant d’une image intimiste en noir et blanc à une poétique des ruines, la photo présentée ici semble de prime abord hétéroclite, mais elle dévoile finalement la réalité du fait social et urbain. Elle témoigne d’une société en construction, en constant changement, autant que d’un monde en décomposition.
    Car ici, trois générations d'habitat coexistent - encore pour quelque temps - dans un reliquat de jardin: un habitat précaire fait de planches et de matériaux de récupération, dernier témoin des baraques des bidonvilles des années 50, au second plan se trouve un des petits immeubles de rapport qui constituaient il y encore peu de temps, l'habitat majoritaire de ces quartiers et, occupant tout l'arrière plan, l'une des tours de la Place des Fêtes.
    Dans ce minuscule espace, c'est bien l'un des chantiers de la mémoire de Belleville, que l'
    on découvre ...


    >> Une rage de destruction ...

    >> Le ZACage du 20ème arrondissement.

    >> Démolition des murs ... démolition des vies.

     


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  • Ecole primaire 37-39 rue de Tourtille - Paris 20e arrondissement

    Le Bas-Belleville est l'un des derniers quartiers populaires de Paris. C'est aussi l'un des quartiers de Paris aux communautés les plus mélangées. Depuis toujours, Belleville a en effet été un lieu d’arrivée privilégié pour différentes couches d’immigration: les juifs russes et polonais fuyant les pogromes au début du 20e siècle, les Arméniens fuyant le génocide, les Espagnols arrivés pendant le régime de Franco, puis les pieds noirs tunisiens après l’indépendance, les travailleurs algériens et maghrébins quittant les bidonvilles, les Africains souvent logés dans des foyers et pour finir, est arrivée une forte vague d’immigration Chinoise et asiatique.

    Plus récemment, petit à petit, est arrivée la gentrification du quartier, le "populo" quitte Belleville, cédant la place au "bobo", à la classe moyenne voire moyenn e-supérieure.

    Mais comment vivent ensemble toutes ces communautés ?
    Comment cohabitent tous ces habitants d’origines si diverses que boulevard de Belleville, les jours de marchés, c'est la Tour de Babel: pas moins d'une cinquantaine de langues et de dialectes peuvent y être entendus …

    Eh bien, sur les collines de Belleville et de Ménilmontant, la cohabitation ne se passe pas si mal et, malgré de nombreuses transformations urbaines et sociales, ces quartiers ont su conserver leur âme. Il se dégage un charme particulier de ces hauteurs. Elles sont à la fois closes et aérées, faites de grandes artères et de petits chemins de traverse qu'il faut savoir observer en prenant tout son temps pour parcourir ce coin de Paris.

    Les habitants de Belleville, pour reprendre l'expression de Georges Perec, "habitent leur quartier",  entretiennent et perpétuent l'histoire et le mythe d'un village singulier, ouvrant ainsi pour l'avenir tout le champ des possibles ...


    >> Lire aussi sur Parisperdu: "Belleville de haut en bas".

     

     


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  • Avenue Simon-Bolivar. Juillet 2012

    La Butte Bergeyre est un village parisien isolé, méconnu et peu fréquenté. A l'écart du tumulte de la ville, la butte est seulement desservie par une unique rue et par trois escaliers plutôt abrupts. Depuis l'avenue Simon Bolivar c'est une volée de 75 marches qui mène à ce village haut perché, si haut que certains habitants du quartier surnomment cet escalier "la pyramide aztèque".

    En 1950, Willy Ronis a capturé ici, l'une de ses images cultes.
    L'écouter raconter ses prises de vue a toujours été pour moi un délice.
    Voilà ce qu'il nous dit à propos du fameux cliché "Avenue Simon Bolivar" :

    "Cette photo, je l'ai faite en 1950. J'étais là, dans cet escalier, j'attendais quelque chose, parce que je voulais qu'il y ait un peu de monde qui passe. À un moment donné, j'entends une voix de femme derrière moi, qui parlait à son enfant, qu'elle tenait dans ses bras. J'ai attendu qu'elle me dépasse, et miracle, miracle qui arrive quelquefois dans la photographie : quand elle est arrivée en bas, est passé cet attelage étonnant - car même en 1950 il n'y avait plus tellement d'attelages avec des chevaux. Et ce qui est amusant, c'est qu'il y a en même temps cet ouvrier municipal, qui est en train de réparer ses feux tricolores, et des femmes qui promènent leurs enfants dans des poussettes derrière. Et puis le petit cordonnier qui parle avec le client. Et le petit chat noir, en bas de l'escalier. C'est une photo pleine d'histoires !"

    Alors, aujourd'hui, une fois encore,  je suis retourné sur les lieux. Bien sûr la prise de vue s'imposait et sous un angle voisin de celui du Maître … mais le résultat est loin, très loin d'être à la hauteur du sien …


    >> Avenue Simon-Bolivar, 1950 ©Willy Ronis/ Agence Rapho

     
    >> Voir aussi : "N'est pas Willy Ronis qui veut ?"

     


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  • Entre les deux bistrots cultes: "Aux Folies" et "Au vieux Saumur" s'ouvre la rue Dénoyez, le "paradis du graff"_ Paris 20ème (juin 2012)


    Belleville n'est pas Oberkampf, aussi ne trouve-t-on ici que très peu de bars branchés ou décalés. Quelques bars à vins dans la mouvance "bobo-chicos" ont bien essayé de s’implanter mais le quartier demeure encore largement orienté vers le demi de bière pas cher et la faune alternative "qui va avec". 

    L'adresse incontournable de Belleville : "Aux Folies" est située au coin des rues de Belleville et Dénoyez, ce café attire une énorme clientèle, venue de tous horizons, qui s’agglutine ici dans le bruit et l'agitation.

    Mais Belleville reste avant tout le quartier des petits restaurants pas chers qui vous permettront de faire le tour du monde en parcourant seulement quelques rues. L'Asie est largement représentée avec: "Au Poivre de Szechuan" (chinois), "Krung Thep" (thaï) et d'innombrables restaurants vietnamiens servant leur soupe pho, très insolite mais non moins addictive !

    On trouve aussi des bars à tapas espagnol (Chez Ramona), des restaurants argentins (Chez Valentin), des "épiceries- sandwichs" aux prix imbattables (Chez les polonaises Adriana et Margot) …

    Toutefois on peut aussi rester dans la tradition culturelle et culinaire française en fréquentant "Le Baratin", une vénérable maison à la cuisine de bistrot ou mieux encore "Au Vieux Belleville" un repaire d’un autre temps, avec bal musette et vin rouge … ambiance garantie !

    Le soir venu, pour danser ou écouter un concert, on peut se rendre à "La Bellevilloise", une ancienne coopérative parisienne, un lieu chargé d’histoire; mais on peut aussi lui préférer "La Java", une salle de concert insoupçonnée située dans le bas-Belleville, au fond d’une galerie marchande des années vingt.

    A Belleville, de jour comme de nuit, le monde est à vous  …

    (merci de nous avoir suivi au cours des 6 étapes de ce "Voyage" ...)



    >> "La Java", une salle de concert située dans le bas-Belleville.

    >> Belleville, embarquement immédiat ...

     


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  •  Parc des Buttes-Chaumont _ Paris 19ème.

    Le quartier de Belleville possède plusieurs parcs publics à l’identité très différente.

    Au Nord, le parc des Buttes-Chaumont est le plus beau parc à l’anglaise de Paris. Ses pelouses en pente, son lac, ses grottes, le belvédère néo-classique fiché au sommet d’un éperon rocheux et le pont suspendu donnent à l’endroit une allure très pittoresque. Ses 24 hectares, sont les bienvenus au milieu de la forte densité urbaine environnante. Aux beaux jours, son aspect vallonné se prête bien à la mode actuelle des pique-niques et des apéritifs dînatoires.

    Au Sud, à la limite de Ménilmontant, le parc de Belleville ouvert en 1988, a remplacé un îlot du Paris populaire souvent photographié par Willy Ronis et par ses compères du courant des photographes humanistes. La présence ici de ce parc est très appréciée tant les espaces verts font défaut dans cette partie de la ville. Dessiné à flanc de colline, il possède outre l'une des plus longues fontaine-cascades de la capitale, une vigne qui rappelle la tradition viticole de Belleville et surtout, le long de la rue Piat, en haut du Parc, un beau panorama, avec une vue imprenable sur Paris étendu à vos pieds.

    Mais, Belleville possède aussi le plus grand jardin de Paris intra-muros. On n'y pense pas spontanément car il s'agit d'un jardin un peu particulier : c'est …le cimetière du Père Lachaise !

    Eh oui, le plus prestigieux des cimetières parisiens est aussi le plus vaste des espaces verts de la capitale !

    Sur ses 44 hectares, on dénombre 5300 arbres, essentiellement des érables, des frênes, des marronniers, auxquels s'ajoutent quelques platanes, robiniers, hêtres, tilleuls, acacias, sophoras, noyers… Excusez du peu !

    Mais les visiteurs ne viennent pas seulement ici pour s'oxygéner et profiter de l'hyper-calme du lieu, … la promenade au Père Lachaise permet aussi de rencontrer de très nombreuses personnalités … ou plus exactement leurs sépultures !

    Au fil du temps, le Père-Lachaise est en effet devenu un lieu d'exposition à ciel ouvert de l'art funéraire. Chaque année, le cimetière est visité par plus de deux millions de personnes, ce qui en fait l'un des lieux les plus visités de Paris, après la Tour Eiffel, le Louvre et Notre-Dame.

    (A suivre …)

     

    >> Le Père-Lachaise, l'un des lieux les plus visités de Paris.

     



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