•  Tour du Bois le Prêtre _75017 Paris (mars 2010)

    Au 5, boulevard du Bois le Prêtre, dans la partie populaire du 17e, coincé entre le boulevard périphérique et le cimetière des Batignolles, s'élevait il y a encore peu une tour HLM laide et vétuste.

    Le bâtiment date des années 1960, une époque où l'on construisait "à la pelle" ces grands ensembles qui ont aujourd'hui très mal vieilli. Pour vous donner une idée de l'ambiance des lieux, sachez que les habitants du quartier l'appelaient "l'immeuble Alcatraz!". Tout semblait indiquer que tôt ou tard, la tour serait promise à la démolition.

    Eh bien non, car la mairie de Paris a réussi le pari inédit de réhabiliter cette tour en agrandissant les appartements, … et pour un coût deux fois moins élevé que s'il avait fallu démolir pour reconstruire.

    Et aujourd'hui, au 5, boulevard du Bois le Prêtre se dresse un immeuble blanc de 50 m de haut ceint de grands balcons transparents, qui semble avoir été construit hier.

    Les habitants qui ont été associés aux plans, sont restés dans l'immeuble lors des travaux, car ils ont - chacun à leur tour -occupé des appartements relais pendant que les leurs étaient rénovés.

    La tour "relookée" selon ce processus est présentée par les architectes comme une première mondiale. Voilà une opération comme on aimerait en voir beaucoup dans Paris, où trop souvent on assiste à des démolitions d'immeubles réputés plus où moins vétustes avec en corollaire la déportation de leurs habitants … hors de Paris.


    >> Présentation du projet par l'équipe d'architectes 


    >> La tour du 5, boulevard du Bois le Prêtre: AVANT/APRES.


    >> Voir aussi sur Parisperdu: "Démolition des murs ... démolition des vies ..".

     


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  • Terrain Vague près de la rue Vilin, 1970 F. X. Bouchart, © Nadine BEAUTHEAC-BOUCHART


    Dans les années 70, François-Xavier Bouchart est l'un des seuls, avec Henri Guérard, à quadriller systématiquement Belleville pour prendre des photographies de l'ensemble du quartier, et en particulier de certaines rues et passages aujourd'hui disparus : l'allée des Faucheurs, le passage Kuzner, la rue Vincent …

    Ses photographies montrent des façades d'habitations, d'anciens commerces, des enfants du quartier, des terrains vagues après les destructions d'immeubles... Les bulldozers et les immeubles éventrés, ont aussi, au travers du viseur de son appareil photo,  retenu son attention.

    Son travail propose un regard personnel sur ce quartier populaire si bien mis en images par Willy Ronis, dans les années 50, alors que Belleville et Ménilmontant étaient encore intacts.
    François-Xavier Bouchart a voulu photographier ces mêmes lieux en phase de mutation urbaine, économique et sociale. Il voulait aussi poursuivre cet inventaire que menait également à cette époque Georges Perec pour son documentaire "En remontant la rue Vilin", et fixer dans le bromure d'argent, les restes de ce Paris populaire qui alors disparaissait.


    >> Impasse du 34 rue Henri Chevreau, 1973 par F. X. Bouchart, © Nadine BEAUTHEAC-BOUCHART

    >> Le passage Kuzner Paris 20ème © Willy Ronis

    >> Belleville'70 par Jean-Louis Penel.

    >> Le livre collectif "Belleville-Belleville", aux Editions Créaphis, (1994), consacre un chapitre à François-Xavier Bouchart, avec 7 de ses photos. L'ouvrage lui est dédié.

     

     


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  • L'un des derniers bougnats de Paris aura sans douté été ce café-charbon-mazout du 6 rue Emile Lepeu, dans le 11e arrondissement. Il resta en activité jusqu'en 2004 et, même si à cette date peu de gens utilisaient encore le charbon, il disposait pourtant de son ''chantier'', c'est-à-dire de son tas de charbon dans l'arrière boutique et servait en salle aussi biens des tasses de petit noir que des ballons de petits blancs …

    Aujourd'hui, l'âme du vieux bougnat  a été partiellement préservée. Et même s'il a été quelque peu remis au goût du jour, l'établissement a conservé un certain charme, avec son comptoir en formica rouge des années 60. Mais on est passé du charbon naturel à l'un de ses radio-isotopes car la façade affiche désormais : "Carbone 14" !

    Dans le quartier, outre ce bougnat, on trouve encore quelques rares bistrots "d'époque" qui reflètent un Paris convivial et authentique.
    C'est un Paris ni tout à fait d'hier, ni tout à fait d'aujourd'hui, qui continue à exister… un Paris presqu'éternel.

     

     >> Le café-charbon, au temps d'Odette Escalier.

    >> "Le Carbone 14".

    >> ... avec son comptoir en formica rouge des années 60.

     

     


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  • Au 37 bis de la rue de Montreuil, dans le 11ème, la cour de l'Industrie, créée au milieu des années 1800, témoigne aujourd'hui encore du passé artisanal de l'arrondissement.

    Il y a là une cinquantaine d'ateliers pour moitié des artisans, pour l'autre des artistes. Longtemps menacés d'expropriation ceux-ci se sont très tôt constitués en un groupe de pression. Et, avec l'appui de la mairie de Paris et d'associations diverses, à coup de pétitions et d'actions, les occupants vont finalement pouvoir rester dans l'un des derniers vestiges du patrimoine artisanal du quartier.

    Car aujourd'hui, la démolition de l'ensemble n'est plus à l'ordre du jour et le lieu parait définitivement sauvé. Rachetée par la mairie de Paris qui y commence des travaux de rénovation, la cour de l'Industrie restera en activité et ne sera donc ni "loftisée" ni "boboïsée".

    Les doreurs-laqueurs, les sculpteurs-ornemanistes et … autres artisans à l'ancienne vont pouvoir continuer à travailler sereinement dans le dernier îlot d'ateliers dans Paris.

    Preuve est faite que, même face aux promoteurs aux dents longues, la lutte et la solidarité paient …



    >> Le 37bis, site officiel.

     

     


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  • Mosquée Al Fath _ rue Polonceau-  Paris 18ème (juin 2005)


    Au petit matin, je pars à pied prendre le métro, et vois défiler une dernière fois les immeubles blafards de la rive gauche.

    Je descends à la station Barbès-Rochechouart. Au-dessus de moi, le métro aérien fait un vacarme répété de ferrailles déglinguées. D'un pas rapide, je rejoins le quartier de la Goutte d'Or. Là commence un deuxième monde, et je ressens un léger malaise face aux codes mal appris de cette autre planète.

    Il est tôt et les rues sont quasi-vides, les dealers ne sont pas encore sur leur lieu de travail … le "business" reprendra plus tard. Seul un grand Black encapuchonné, à l'air pressé, sort d'un petit immeuble de la rue de la Charbonnière, au cœur de Barbès.

    Au coin de la rue, un salon de coiffure annonce toutes sortes de miracles pour la chevelure, les ongles et promet l'éternelle jeunesse… Juste à côté, c'est un minuscule "take away" africain. Le restaurant sent encore fort la banane grillée et un calicot annonce qu'il a changé de propriétaire.

    Plus loin, c'est un autre restaurant miniature, puis un bazar où les mousses à raser côtoient d'énormes sacs de riz. Enfin, j'atteins la rue Polonceau et la porte verte et blanche de la mosquée Al Fath. Tout près de là, Ivoiriennes, Sénégalaises ou Guinéennes se partagent les échoppes, et les hommes peuls ou malinkés palabrent sur le trottoir.

    Rue de Jessaint, adossé à un immeuble de 8 étages, un portail conduit au fond d'une cour, à un véritable capharnaüm où les immigrants en provenance de toute l'Afrique sub-saharienne viennent chercher un soutien administratif, des cartes téléphoniques, faire des transferts d'argent ou trouver des conseils pour obtenir la nationalité française.

    C'est là que Soufiane, à la fois sage, patriarche et marabout, reçoit ses congénères dans son bureau miteux, plein de bibelots africains, d'effigies d'Alpha Blondy et de Barack Obama. Aux beaux jours, le marabout officie sur la terrasse de l'immeuble qui surplombe, vers le nord, l'horizon jusqu'à Saint Denis. Il dit que cette situation élevée permet une meilleure communication avec les esprits, et justifie à ses yeux le tarif majoré qu'il demande alors à ses clients …

    Notre course pourrait continuer encore longtemps dans ce Paris africain où à chaque coin de rue, l'on peut vivre petites et grandes aventures … un peu comme dans un autre Paris-Dakar !

     

    >> Voir aussi sur Parisperdu : "La Goutte d'or, Babel parisienne".

    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Apartheid résidentiel".

    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Origines contrôlées …"

    >>  L'Institut des Cultures de l'Islam va bientôt prendre la place de la mosquée Al Fath.

     

     


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