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    En 1986, l'érection, dans la cour d’honneur du Palais Royal, des "colonnes de Buren" provoque une levée de boucliers.
    En sera-t-il de même aujourd'hui pour les nouvelles "colonnes de la rue Watt" ?

    Avec leurs "sculptures lumières", les architectes, designers et autres éclairagistes ont, disent-ils: "chercher à restituer l'esprit du lieu". Esprit, es-tu là ?

    Hélas, il semble bien que non, car à la vue de ces pseudo-œuvres d'art, on comprend que la rue Watt n'est plus que le fantôme d'elle-même.

    L'atmosphère si particulière de la rue Watt serait donc sensée être recréée par ces colonnes en inox, ajourées pour laisser passer la lumière de lampes à la vapeur de mercure et dessiner des entrelacs sur le sol …

    Mais enfin, est-ce  bien encore la rue Watt… ?

     

    Car il faut rappeler ce qu'était la rue, avant que les tonnes de béton de l'opération "Paris Rive Gauche" se déversent sur elle.

    Jadis, la lumière naturelle filtrait au travers des poutrelles à claire-voie et le bruit des rames chantait au dessus de nos têtes … créant une atmosphère unique, hélas maintenant totalement disparue.

    Aujourd'hui, dans le silence de son sarcophage de béton, isolée des voies en surplomb,  … la rue Watt de Tardi, de Léo Mallet, de Jean-Pierre Melville et de Boris Vian … est définitivement morte.

    Pourtant, comme un infime signe d'espoir, les graffitis commencent à faire leur réapparition dans la nouvelle rue toilettée, aseptisée. Et pour le moment, les services de la Ville de Paris n'ont pas réagi … comme s'ils n'avaient pas encore décidé si la rue Watt devait rester "impeccable" où alors si elle pouvait retrouver un peu de sa noirceur étrange et de sa vie d'antant ?



    >> C'était comment avant … ?

    >> L'enterrement en couleurs de la rue Watt (mai 1993)

    >> La rue Watt sur You Tube.


     

     

     

     

     

     


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  • "Maison clou" à Chongqing en 2007.


    Parisperdu regrette souvent les démolitions sauvages qu'ont connu et que connaissent encore les quartiers Est de la capitale.
    Pourtant ces faits peuvent paraître relativement secondaires si l'on compare la situation parisienne avec celle que vivent des chinois de Pékin et d'un peu partout en Chine.

    Dans l'empire du milieu, la violence des démolitions forcées a conduit un internaute chinois à dresser "une carte du sang" de l'immobilier chinois ... !
    Cette carte répertorie les incidents violents auxquels ont donné lieu des expulsions en Chine.

    L'auteur, qui a pris le pseudonyme de Xuefangditu, ou "carte de sang de l'immobilier" , incite les internautes à "refuser d'acheter les logements où le sang a coulé".
    Sur Google Map, son
    site , consacré "à toutes les existences qui ont pâti de l'ultra-rapide processus d'urbanisation chinoise" (sic), reçoit chaque jour, depuis sa création en octobre dernier, un nombre croissant de visiteurs ...


    En cliquant sur chacun des évènements répertoriés, on peut
    lire les détails de l'affaire, et des liens renvoient à d'autres sources.

    Ainsi, la date du 8 avril 2010, renvoie à la mort du directeur de la commission de construction, au sein d'un district de la ville Fushun, dans le Liaoning. Le fonctionnaire, chargé de la démolition, a été assassiné à l'arme blanche par Yang Yi, le propriétaire d'une "maison clou", appelée ainsi car il refusait de bouger.
    Quatre ans auparavant, les démolisseurs avaient battu à mort le fils du voisin de Yang Yi, âgé de 24 ans.

    Le 20 août 2010, à Kunming, dans le Yunnan, He Yuqiong, une femme qui résistait aux démolisseurs, avec mère et enfants, dans leur "maison clou" de Kunming, une résidence de 6 étages que la famille avait construite, a fait exploser une bouteille de gaz. Une dizaine de personnes ont été blessés. He Yuqiong est décédée des suites de ses blessures. La famille avait accroché aux fenêtres une grande banderole, sur laquelle était écrit : "nous vivrons avec notre maison, ou nous mourrons avec elle" !

    Bien souvent désormais, la politique et l'économie procèdent d'une même logique où l'humain n'existe plus.
    Ici comme ailleurs, les puissants décident avec pour conséquence : du sang et des larmes …




    >> Le site de Xuefangditu, ou "carte de sang de l'immobilier".

    >> Lire aussi sur Parisperdu : "Démolition des murs ... démolition des vies"

     




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  • © Photo : Nicolas Hervé

     

     

    Les pouvoirs publics entendent "réformer" l'affichage publicitaire. Il s'agit là d'un engagement phare du Grenelle de l'environnement.

    Le texte a été mis en consultation publique jusqu'au 11 mars 2011 sur le site du ministère du développement durable.

    Ainsi, dans Paris intra-muros, on devrait avoir une moindre densité de publicité, avec des formats plus restreints et moins d'éclairage. La "jungle" des panneaux publicitaires serait alors moins oppressante …

    Mais pour le "Collectif des Déboulonneurs", le texte est bien trop timide et ménage trop les professionnels de l'affichage.

    En fonction de ce qui ressortira de cette consultation publique, il y a fort à parier que nous reverrons bientôt les "Déboulonneurs", pour des actions coup de poing dans les rues de Paris.


    >> Le site des Déboulonneurs.




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    6 - 10,  Rue Watt, 75013-  Paris (juillet  1996)


    C'était au temps où la rue Watt avait encore une certaine aura auprès de ceux qui venaient respirer ici un peu de poésie urbaine, mais aussi auprès de ceux qui quotidiennement venaient y travailler.

    Dès le début des années 70, un grossiste asiatique de l'alimentaire avait implanté ici un entrepôt où il stockait des produits importés, en groupage, de Chine et du Vietnam.
    Il s'agissait de produits de premières nécessités comme des vermicelles ou des galettes de riz, de la sauce de poisson ... autant de denrées destinées à approvisionner la communauté asiatique de Paris.

    Avec l'arrivée des premiers réfugiés de l'Asie du Sud-est en 1975, la société se développe vite, et la petite entreprise familiale, qui à l'origine ne disposait que d'un minuscule magasin à la place Maubert, va rapidement s’agrandir et ouvrir plusieurs boutiques de détail dans Paris, puis elle passera aux supérettes et à la vente en gros.

    Un tel succès fera forcement des envieux, des jaloux non dénués parfois d'un certain relent de racisme. Pas étonnant alors que, rue Watt, sous l'enseigne de la société, un tag rageur proclamait : "la France aux français" !

    Depuis cette époque, tout a bien changé rue Watt où la poésie urbaine est désormais au cimetière des ambitions …



    >> Ne cherchez plus la société THANH BINH, rue Watt ….

    >> La rue Watt sur Parisperdu.

     

     


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  • Maurice dans son atelier du 19 rue des Orteaux, en Mai 1995.

     

     

    Maurice Caner était un personnage attachant. Ses yeux, le jour de notre rencontre, avaient bien du mal à fixer l'objectif, dans la lumière qui cascadait à travers la semi-pénombre de son atelier. Peut-être avaient-ils, au fil des années, trop longuement fixés cet ouvrage qui fatigue le regard ? Ou bien s'étaient-ils usés par l'application qu'exige le métier de tapissier ?

    A 70 ans, il faut bien que la vie vous ait marqué quelque part …

     

    Fatigué ou pas, son regard brillait de malice, coulait sur ces joues roses où s'éparpillaient des poils de barbe mal rasée. Il avait la mèche un peu folle, le tablier fatigué de se tenir à son cou, le pull qui dégoulinait comme le pourpoint d'un noble de la capitale. Oui ! Maurice était probablement dans sa simplicité joyeuse, l'un des derniers seigneurs du quartier, lui qui était né là, dans ce coin du 20ème, bien loin des beaux quartiers qu'il ne fréquentait guère.

     

    A l'époque, difficile de faire plus perdu que cette rue des Orteaux. Pourtant le coin était plein de mouvements, de vrombissements ... Plus d'une trentaine d'artisans se faisaient face de chaque côté de la rue : des tapissiers, des serruriers, des cordonniers, des encadreurs-doreurs …. Toute une agitation, toute une vie de labeurs pour permettre la vie des humains.

     

    Que de silence aujourd'hui dans la rue des Orteaux, où l'odeur des travaux sur le bois ou le métal a disparu. Pourtant, avant de continuer notre balade, il est peut-être important d'errer un moment dans cette rue pour croiser, à l'occasion, l'un de ses vieux habitants qui garde encore le souvenir de plusieurs générations d'artisans du quartier. On pourrait échanger quelques mots et emporter ensuite avec soi, un peu de cette existence qui donne à comprendre tout un Paris disparu …

     

     

    >> Maurice, dernier tapissier de Charonne ...

     

     

     

     


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