• La rue Watt en cours de démontage, Mars 2000.

    Le quartier Tolbiac, dans le 13ème, a vécu une opération d'urbanisme considérable, où le maintien de la gare d'Austerlitz a obligé à construire au-dessus des voies pour rentabiliser au maximum l'opération Paris Rive Gauche.
    Dans ce contexte, la question de la conservation d'éléments forts du quartier aurait dû faire l'objet d'une approche globale, mais le problème n'a même pas été vu et rien n'a été fait pour la prise en compte de ce patrimoine qui aurait permis d'ancrer le secteur dans son passé.
    Mais au fait, c'était comment avant ... ?

    Il y avait là très peu d'habitants mais quelques grands bâtiments industriels, en béton, en brique - magnifiques - et aussi quelques morceaux de paysage "à la Tardi", des villas, des escaliers en meulière, et la fameuse rue Watt...

    Tout cela sur des terrains appartenant en majeure partie à la Sncf, qui n'a eu aucune perception de ces richesses du passé, elle qui n'a pas l'habitude de regarder en arrière. Et aujourd'hui, nous nous apercevons que ce qui aurait pu devenir un patrimoine a beaucoup souffert : on a, par exemple, couvert la rue Watt de dalles-caissons, on l'a écrêtée, aseptisée, ... il n'en reste rien. Le charme de cette rue, si particulière, chanté par les poètes, mis en lumière par les photographes, a totalement disparu.

    Pour réaliser le grand projet
    Paris Rive Gauche, on a donc beaucoup détruit ... De trop rares édifices, préservés à grand-peine -  tels les Grands Moulins de Paris, les Frigos, et la Sudac, cette ancienne usine d'air comprimée -  jouent encore un rôle de repères, de passeurs de mémoire. Mais au final, le quartier est devenu une sorte de zone étrange, un désert peu engageant où la Seine, pourtant toute proche, est bizarrement absente et où l'environnement de la Bibliothèque Nationale de France est pour le moins glacial.
    Au fait, c'était comment avant ... ?


    >> La rue Watt, dans Parisperdu (1)

    >> La rue Watt, dans Parisperdu (2)

    >> La rue Watt, dans Parisperdu (3)

    >> La rue Watt, dans Parisperdu (4)

    >> Voir aussi "Rue Watt, lieux retrouvés N°15".




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  • Avenue de France, novembre 2003.


    Paul Valéry affirmait que "la mémoire est l'avenir du passé".
    Pour prolonger la réflexion du poète-écrivain, on pourrait prétendre que lors de l'édification d'un nouveau quartier sur les ruines d'un ancien secteur, il y a, pour nos architectes et urbanistes, un certain "Devoir de mémoire". Ne conviendrait-il pas de conserver des  traces du passé, traces qui seraient comme la "mémoire de la nouveauté"

    Dans le 13e arrondissement de Paris, lors de la création de l'avenue de France, il faut bien constater qu'une telle approche a été totalement bafouée.

    Avec ses 40 mètres de large, l'avenue de France est la principale artère du nouveau quartier Paris-Rive Gauche. C'est une avenue triste, laide, froide et bordée d'immenses immeubles "verre-béton", des bureaux pour la plupart. Il y manque de la verdure, des commerces, des bars, des restaurants, ... de la vie quoi !
    Empruntez l'avenue de France, le soir ou la nuit, ... c'est un désert et, on ne peut pas dire que l'on s'y sente particulièrement en sécurité.

    Un grand pôle universitaire termine son implantation, tout près d'ici, espérons que les étudiants sauront lui apporter ce qui lui manque, c'est-à-dire ... à peu près tout.



    >> Voir aussi sur Parisperdu: "Des étudiants dans la farine ... ?"
      
      


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  • Quartier Masséna, aux confins de la Seine, des voies ferrées d'Austerlitz et du boulevard périphérique Est: dans un no-man land, la dernière maison encore debout.


    Dans un 13ème arrondissement autrefois sinistré, et aujourd'hui souvent sinistre, que va devenir le quartier Masséna ?
    Espérons que pour une fois, les architectes feront preuve d'humilité et de modestie, au lieu de nous exposer leurs délires qui - à coup sûr - déstructurent le tissu social et maltraitent la vie locale.

    En entourant leurs projets d'un écran de fumée verbeux, tels que: "îlot ouvert, bocage urbain, magie architecturale, vision contemporaine" (sic): c'est tout un langage creux et prétentieux qui est souvent mis en avant pour "vendre" le projet !
    Ils se prennent pour des démiurges, et toute critique est perçue comme rétrograde et passéiste, selon un discours terroriste maintenant bien rodé. Mais jamais ils n'iront vivre ni travailler là où ils ont créé ...

    Les premières esquisses du futur quartier Masséna font, en effet, craindre le pire. En faisant fi de l'esprit du lieu, du caractère spécifique de son tissu urbain, de ses infrastructures, de son rôle charnière avec le vieux 13ème (quartier Chevaleret), il n'est pas du tout sûr que "Ce sera mieux après" !

    Quand on voit le désastre de la bibliothèque François Mitterrand - une architecture glaciale, où les livres sont au grenier, les lecteurs à la cave, et le jardin derrière des barreaux ... et avec tout près, la fameuse avenue de France, organisée sans queue ni tête (au propre comme au figuré) et surchargée en bureaux aux dimensions brutales ... on peut redouter que le désastre ne se répète pour le quartier Masséna.

    Alors faut-il prôner un retour au modèle haussmannien de Paris ?

    Cela  relève sans doute pour certains d'un "obscurantisme grincheux" dénoncé par le fameux: "C'était mieux avant".
    Acceptons l'injure et constatons simplement que les tissus urbains qui fonctionnent bien (avec des transports, des services publics, des commerces, etc.) et où l'on se sent bien (Paris, Rome, certains quartiers de Londres, Washington ...) correspondent grosso modo à ce modèle: même aspect des rues avec des immeubles de 6 à 8 étages, un COS de 3 à 4, un "mix" d'habitat et de commerces. Le rejeter, c'est refuser la réalité.

    Aussi, faudra-t-il qu'un jour, les urbanistes et les sociologues prennent le pas sur les architectes et leur montrent que le développement urbain doit apporter du sens à notre société ... et qu'on ne dessine pas notre cadre vie comme une robe de haute couture !!!
    On va finir par regretter le sordide 13ème d'il y a 20 ans...


    >> Le projet de l'architecte Demians pour le quartier Masséna, dans le XIIIe arrondissement. (Photo: ©Mairie de Paris)


     

     

     


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  • Les Frigos en octobre 1995, vus du viaduc de Tolbiac

    Tout autour, c'est le Paris impersonnel, celui des voies express, des immeubles nés de la spéculation immobilière et de l'écrasante Très Grande Bibliothèque avec son esplanade immense, coupée de la ville et de la Seine ... pourtant si proches... un lieu abstrait, hostile... Et au milieu de tout cela, un ilot de vie, de résistance, au "look" détonnant : Les Frigos.

    Depuis les années 80, des artistes ce sont légalement installés ici - ce n'est pas un squat - créant une incroyable cité, un antre bouillonnant de créativité.

    Dès l'entrée, dans un couloir sombre, couvert de graffitis... une pancarte appelle malicieusement à ne pas couvrir les murs de tags... Les nombreuses tuyauteries, rongées par la rouille, qui courent le long des couloirs, témoignent qu'à l'origine, l'on se trouvait ici, au cœur d'un réfrigérateur géant.

    A la fin des années soixante, la disparition des Halles de Paris et l'ouverture du marché de Rungis entraînent l'arrêt de l'activité de ces entrepôts frigorifiques qui, dès lors, sont laissés à l'abandon. Ne bénéficiant d'aucun classement architectural, considérés comme une friche industrielle, ils ont vocation à être détruits car ils sont situés au cœur du périmètre de la ZAC Paris Rive Gauche. Au fur et à mesure de l'édification de nouveaux immeubles sans âme, les Frigos vont perdre à la fois leur vue sur la Seine et la lumière qui baignait les ateliers des artistes. Et maintenant qu'ils sont encerclés par ces bâtiments aux façades vitrées, lisses, ... glaciales et aseptisées; on voit bien que les Frigos sont totalement atypiques et donc pour certains ... plus que dérangeants.
    Alors, les Frigos vont-ils être démolis ?

    Pas si sûr, car grâce à la forte mobilisation au sein des Associations de défense, et en coordination avec les habitants du quartier, les aménageurs qui bétonnent tout autour, ont récemment déclaré aux artistes-locataires : "Vous êtes le germe de vie du futur quartier ".

    Les Frigos, officiellement devenus le pôle artistique du schéma d'aménagement de Paris Rive Gauche, vont-ils pouvoir enfin respirer librement dans un quartier si peu poétique... ?
    En tous cas, pour le "germe de vie", ... cela risque d'être dur, très dur ... !


    >> Les Frigos : histoire complète, visite virtuelle, calendrier des expositions ...

    >> Deux mondes s'opposent, séparés par une ligne de démarcation ... ©Photo :Photigule 

    >> Dans les entrailles des Frigos (1)

     >> Dans les entrailles des Frigos (2)

    >> Dans les entrailles des Frigos (3)

     >> Dans les entrailles des Frigos (4)

     

     

     

     

     


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  • Les Grands Moulins de Paris en 1996.

    Paris Rive Gauche aura été le plus grand chantier parisien depuis les travaux d'Hausmann... Aujourd'hui, l'aménagement de la ZAC Rive Gauche, en cours depuis une décennie, est  en voie d'achèvement.

    Sur la ZAC, les nouveaux locaux de l'université Paris VII-Denis Diderot, à deux pas de la Bibliothèque Nationale, ont été inaugurés début 2005.

    Les Grands Moulins de Paris, dont on a conservé la structure du bâtiment, accueillent maintenant quatre unités de formation et de recherche (UFR) en Lettres et Sciences humaines, mais aussi une bibliothèque, un restaurant universitaire et les services aux étudiants.

    Quant à la Halle aux Farines, elle regroupera, à terme, la majeure partie des amphithéâtres et des salles de cours. Cette nouvelle université devrait donc pouvoir accueillir, d'ici quelques années, près de 20.000 étudiants.

    Pendant plus de dix ans, ce quartier fut le royaume des taggers et autres graffiteurs ... Il est maintenant complètement transformé en une ville qui ressemble bigrement à celle de Jacques Tati, dans son film Playtime.

    Les Frigos, un autre bâtiment de la zone, symbole de la création "border-line" sont maintenant cernés de toutes parts ... et leur avenir reste incertain.


    >> Les Grands Moulins ... aujourd'hui.

    >> Les Frigos ... maintenant cernés de toutes parts.


     


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