•  Rue de Crimée, Paris 19ème : Escaliers de de rue des Annelets et de la villa Albert de Robida

     

    De chaque côté de la rue de Crimée, les deux escaliers monumentaux de la rue des Annelets et de la Villa Albert Robida sont presque face à face. Tous les grands photographes : d'Aget à Cartier-Bresson sont venus ici, et Ronis a photographié ces escaliers en 1948. Placé en haut de l'escalier Albert Robida, il a en arrière-plan seulement une partie de l'escalier de la rue des Annelets.

    Soixante ans après Ronis, lorsque je me rends rue de Crimée je cadre mon image pour souligner le mieux possible le "Y" de l'escalier de la Rue des Annelets car c'est incontestablement la partie la plus remarquable de ce groupe d'escaliers.

     

    >> La photo de Willy Ronis, au même endroit.

     

    >> Les escaliers des rues de Paris.

     

     

     

     

     


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  • Les jambes des femmes sont des compas.

     De haut en bas et de gauche à droite : © Lily Franey ; © Willy Ronis ; © Sabine Weiss

     

    Le cinéaste François Truffaut disait : « Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens et lui donnent son équilibre et son harmonie. »

    Et avec Willy Ronis, Sabine Weiss ou Lily Franey : chez ces trois photographes humanistes les « compas » sont bien là !

    Willy Ronis et Sabine Weiss ont saisi des « compas » enjambant élégamment une flaque d’eau et dans ce miroir : la colonne Vendôme pour Willy et l’obélisque de la place de la Concorde pour Sabine rendent la ville immédiatement identifiable.

    Quant à Lily Franey, « son compas » n’enjambe rien mais semble glisser sur la place entièrement couverte d’eau. Et là encore c’est un monument parisien qui permet de localiser la photo ; car sur la place de la République, la statue de Marianne est si colossale qu’elle se reflète en entier dans le « compas » et de surcroît le rameau d'olivier, symbole de paix, qu’elle tient dans sa main droite, devient l’embout du parapluie tenu par la jeune femme.

    Même dans des lieux différents, l’on s'étonne parfois de faire des photos qui font écho à certaines images déjà vues. C'est alors comme si l'image d’un autre photographe, imprimée dans notre mémoire, latente dans notre inconscient, entre en résonnance avec notre nature profonde et nous pousse vers l'instant décisif, celui qui va déclencher la prise de vue.

     

    >> Lily Franey, site officiel.

     

     


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  • Sabine Weiss, 80 années de déclic.

    A Paris en 2005, chez Sabine et Hugh Weiss lors du tournage du film : "Sabine Weiss : Un regard sur le temps".
    Photo : ©Lily FRANEY

     

    Elle a été sans doute la dernière grande représentante de l’école humaniste de la photographie française d'après-guerre. Sabine Weiss, née Sabine Weber en 1924, nous a quittés fin décembre 2021, elle avait 97 ans… et 80 ans de prises de vue "derrière elle".
    Et il faut croire que la photo humaniste assure à qui la pratique une belle longévité : Ronis a vécu jusqu'à 99 ans…

    Sabine Weiss démarre la photographie très jeune, parce que la manipulation chimique du développement l'intéresse ; son père est ingénieur chimiste.

    Genevoise d'origine, une peine de cœur la fait fuir à Paris en 1946. Elle y débarque au petit matin sans point de chute mais rapidement devient l’assistante du photographe de mode Willy Maywald. Trois ans plus tard, elle rencontre son mari – le peintre américain Hugh Weiss – et se lance comme photographe indépendante. Elle fait alors de tout : de la publicité, de la mode, du reportage et des portraits d’artistes.

    En 1950, elle fait le portrait de Miro, ce qui lui vaut un rendez-vous avec le directeur de Vogue. Elle dira : « Je suis arrivée avec mes photos de clochards et de morveux. Un monsieur assis à côté de moi, hochait la tête en disant : "Bien, bien". C’était Robert Doisneau. Je ne connaissais même pas son nom à l’époque. Tout de suite, il m’a proposé de rejoindre l’agence Rapho. »

    Le fondateur de Rapho, Charles Rado, exporte alors le travail de Sabine Weiss aux Etats-Unis, où elle devient alors plus connue qu’en France.

    Sabine Weiss photographie beaucoup pour Vogue mais ce sont ses clichés en noir et blanc, des instantanés captés dans les rues de Paris, qui marqueront l’histoire de la photographie du XXe siècle.
    Sens de la composition, maîtrise de la lumière et de l'instant décisif, elle s’inscrit dans la lignée d’un Cartier-Bresson ou d’un Willy Ronis, les géants de la photographie française de l’après-guerre.  Plus tard, elle déclarera : « Je n’aime que les photographies prises dans la rue, au hasard des rencontres. » 

    Sabine a photographié surtout les gamins et les clochards des rues de Paris, les passants, les amoureux et les musiciens, avec une sensibilité et un talent formidable pour la composition.

    Dans les années 1980, Sabine Weiss multiplie les voyages et se penche notamment sur la thématique des religions.
    Elle arrête la prise de vue à la fin des années 90 car, avec une épaule cassée, elle dit ne plus pouvoir tenir convenablement l’appareil… Elle est naturalisée française en 1995.

    Elle se consacre alors à la gestion de ses archives avant d'en faire le don au Musée de l’Elysée, à Lausanne : 200 000 négatifs, 7000 planches-contacts, quelque 2700 tirages vintage et 2000 tardifs, 3500 tirages de travail et encore 2000 diapositives… eh oui, 80 années de déclic !
    Merci Madame !


    >> Sabine Weiss, site officiel.

    >> Hugh Weiss, site officiel.

    >> Le film : "Sabine Weiss : Un regard sur le temps".

     

     

     

     


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  • Miss Tic, la pionnière de l'art urbain en France nous a quitté…

    Pochoir et aphorisme de Miss-Tic : "C'est la vie, ça va passer ..."

     

    Miss-Tic vient de nous quitter.
    C'était l'une des grandes figures du street art.
    Plasticienne et grapheuse elle était surtout connue pour ses pochoirs parisiens de femmes monochromes, toujours assortie d'aphorismes piquants.

    Tous ceux qui ont parcouru les quartiers excentrés de la capitale ont, un jour ou l'autre, croisé une œuvre de Miss-Tic. Son dessin épuré est immédiatement reconnaissable et ses textes d'accompagnement, volontairement ambigus, sont toujours bien vus.

    Miss-Tic a subtilement orné les vilains murs de la ville pour nous la rende supportable ...
    On est loin des graffs tapageurs qui défigurent souvent les murs de Paris.

    Bon voyage la Miss...

     

    >> Miss-Tic sur Parisperdu

     

     


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  • Ophélie et Nymphéa, deux approches artistiques.

     De haut en bas : Ophélie ©Lily Franey et Nymphéa ©Ange Leccia

     

    Lily Franey et Ange Leccia sont deux artistes très différents mais j’ai décelé un fort cousinage dans l’une de leurs réalisations. En effet, tous deux se sont intéressés au thème de la femme et de l’eau pour nous proposer des images qui nous font rêver, voyager dans un imaginaire contemplatif.

    Ophélie par Lily Franey

    Lily Franey est une photographe professionnelle dont le travail s’inscrit dans le mouvement des photographes humanistes. Elle a côtoyé les plus grands : Willy Ronis, Sabine Weiss…

    Mais parfois elle s’autorise un pas de côté, vers une démarche poétique, onirique… et là encore elle y excelle. Ainsi en 1996, Lily installe un décor dans son appartement et fait appel à des danseuses contemporaines pour travailler sur le thème de l’eau et d’Ophélie.

    Il en naîtra une première exposition intitulés « Miroirs d’eau » où se mêlent photographies et sculptures textiles. La performance a lieu à la piscine de Villeneuve-Le-Roi où le décor et les photographies (accompagnés d’un spectacle de danse) sont situés sur le bord du bassin alors qu’une partie des spectateurs est dans l’eau.

    Puis ces photographies seront projetées à l’Institut du Monde Arabe, en grand format, pour une performance chorégraphique sur le poème Ophélie d’Arthur Rimbaud :
    Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles
    La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
    Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles…
    On entend dans les bois lointains des hallalis…

    Nymphéa par Ange Leccia

    D’abord peintre, Ange Leccia se tourne rapidement vers les arts filmiques. Ses “arrangements”, comme il les nomme, naissent d’un travail sur l’image, filmée ou photographique.

    A Nantes, en 2007, Ange Leccia réalise une œuvre pour ESTUAIRE, une manifestation annuelle organisée par Nantes Métropole.

    À la tombée de la nuit, une jeune femme, nymphe ou sirène, évolue tranquillement dans l’environnement aquatique d’un canal. La créature semble prisonnière du canal, son corps semble se prolonger dans ce boyau inhospitalier. La lumière de la projection joue à la surface mouvante de l’eau, hommage bien perceptible d’Ange Leccia aux recherches picturales de Claude Monet. Cette ondine est incarnée par Laetitia Casta, icône adulée de notre société, devenue ici nymphe mythique contemporaine.


    Et lorsque l’on sait qu’en anglais, Nymphéa se dit : « Water lily », Ange Leccia ne ferait-il pas un clin d’œil à Lily Franey ?


    >> Lily Franey, site officiel.

    >> Lily Franey déjà sur Parisperdu : (1) et (2)

    >> Ange Leccia, site officiel.

     

     


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