• Terrasse de La Samaritaine, octobre 1997


    C'est sur la terrasse d'un grand magasin parisien que j'ai rencontré Hinata. Elle est à Paris pour un stage-étudiant de plusieurs semaines.

    Après avoir échangé quelques banalités touristico-mondaines, la jeune japonaise me confie un peu de ses états d'âme. Et très vite, je m'aperçois que cette jolie jeune fille n'est pas franchement bien dans sa peau ... mais pourquoi donc ?

    La raison de son mal-être tient dans sa relation à Paris. Hinata est arrivée ici avec une image trop parfaite de la capitale : romantisme, élégance, raffinement ... Or elle n'a rien trouvé de tout cela ... et a pris de plein fouet le choc culturel, renforcé par le gouffre immense entre le fantasme et la réalité.

    En venant à Paris, Hinata s'attendait à voir le Montmartre de Toulouse-Lautrec, le Montparnasse des années 20 ... des lieux imprégnés de romantisme, de charme, de grande classe... Elle avait aussi en tête l'image d'élégance et de raffinement véhiculée par les grandes griffes de la mode parisienne ... Mais au final, Hinata a découvert une réalité où tout s'oppose à sa culture nipponne : des parisiens désagréables, brusques pour ne pas dire brutaux et qui sans cesse, lui manquent de respect lorsqu'ils s'adressent à elle ... Rapidement Hinata s'est senti perdue dans ce Paris qu'elle imaginait tout autrement.

    Et, en ce soir d'automne, où le soleil décline rapidement derrière les tours de Saint Sulpice, j'en viens à espérer qu'elle trouve enfin dans Paris, des repères et un équilibre qui feront qu'elle pourra afficher une mine plus rayonnante, mieux en accord avec son merveilleux prénom : Hinata, la lumière du soleil.


    ° Sur Parisperdu, d'autres japonais ne sont pas perdus dans Paris :

    >> Keiko, Canal Saint-Martin. 

    >>
    Seiji, Rue Désirée.


     


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  • Dans certains quartiers de l'Est de la capitale, nous sommes désormais à "Boboland", et là, on ne manque pas d'argent: on a de l'argent, beaucoup d'argent ... Mais finalement, on s'y ennuie aussi beaucoup car c'est bien connu, si l'argent ne fait pas le bonheur, il ne réussi surtout pas à remplir le vide laissé par une certaine perte des valeurs, des idéaux, voire des utopies ...

    A Boboland, on recherche avant tout "l'Authenticité", mais c'est une authenticité souvent frelatée, un peu comme la réalité lorsqu'elle est vue par un créatif de pub ! De surcroît, les bobos oublient que leur quête éperdue d'authenticité les conduisent souvent à détruire "la vraie" authenticité.
    C'est le cas, lorsqu'ils essaient de se créer leurs endroits, leurs coins agréables, ... comme ces genres de cafés dits "bios" ou ces restaurants où l'on fait du "fooding" en substitution à la cuisine traditionnelle ... qui elle est authentique. A Boboland, on essaye de vivre sainement, ... mais finalement là encore ... ce n'est qu'une attitude!

    Ah, l'attitude, c'est l'essentiel pour le "bobo", c'est elle ... encore et toujours qui compte le plus, ... la vérité des opinions ou la sincérité sont souvent secondaires. De toute façon peu importe, car pour la tribu des "bourgeois bohèmes": le bobo c'est toujours l'autre ...

    Un passage de la Bande Dessinée "Bienvenue à Boboland" de Dupuy et Berberian est - à ce titre - révélateur de la vision qu'ont les bobos de la "vraie vie".
    Je vous résume la chose: une écervelée laisse traîner sur un banc un livre d'Anna Gavalda (parfaite auteur bobo, qui parle "de ces petites choses qui sonnent tellement vrai"), ... pour faire du "book-crossing", de l'échange gratuit de livres, mais elle est stupéfaite quand elle voit un éboueur ramasser le bouquin et le flanquer à la poubelle ... au lieu de s'en extasier.
    N'est-ce pas là une parfaite illustration de la "bobo attitude" ?


    >> Vous avez dit "book-crossing" ?

    >> La bande dessinée "Bienvenue à Boboland" © Dupuy  / Berbérian ;  Editeur Fluide Glacial-Audie  - mai 2008. 


    ° Déjà parus dans Parisperdu :

    >> "Où sont passés les vrais gens ?"

    >> Belleville, la belle ville des bobos.

    >> Malaise à Belleville. 

    >> Bienvenue à Boboland.



     


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  • Rue du Volga, Paris 20ème

    La rue du Volga est une petite voie calme du 20e arrondissement, coincée entre la rue d'Avron et le boulevard Davout. Dans cette partie, près du pont du chemin de fer de la Petite Ceinture, la rue est encore plus paisible, et avec ses immeubles d'un âge indéfini, aucun commerce, peu de circulation ... c'est un monde loin du monde ...

    Tout près, le square de la Gare de Charonne, un havre de quiétude, ajoute encore à la sensation d'avoir atteint, ici, un des lieux les plus reculés de Paris.

    Mais au fait, si la rue doit son nom au fleuve russe "la Volga", pourquoi cette appellation "du Volga" ? Par ce qu'il s'agit de la forme masculinisée de ce fleuve, forme que l'on retrouve, par exemple, dans le roman "Michel Strogoff" de Jules Verne. On peut ainsi constater qu'au XIXe siècle, la forme masculine de Volga était assez usitée, voire prédominante.

    Encore une touche supplémentaire qui s'ajoute au côté suranné de ce coin perdu du quartier de Charonne.


    >>  Voir aussi, sur Parisperdu: "Détente ou détention ?"

     


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  • Photo ©Philippe Hiraga


    Georges Perec nous parle de la rue Vilin : "Nous vivions à Paris, dans le 20ème arrondissement, rue Vilin; c'est une petite rue qui part de la rue des Couronnes, et qui monte, en esquissant vaguement la forme d'un S, jusqu'à des escaliers abrupts qui mènent à la rue du Transvaal et à la rue Olivier Métra.
    La rue Vilin est aujourd'hui aux trois quarts détruite. Plus de la moitié des maisons ont été abattues, laissant place à des terrains vagues où s'entassent des détritus, de vieilles cuisinières et des carcasses de voitures; la plupart des maisons encore debout n'offrent que des façades aveugles.
    Il y a un an, la maison de mes parents, au numéro 24, (...) était encore a peu près intacte. On y voyait même, donnant sur la rue, une porte en bois condamnée au-dessus de laquelle l'inscription COIFFURE DAMES était encore à peu près lisible.

    L'immeuble du numéro 24 est constitué par une série de petites bâtisses, à un ou deux étages, encadrant une courette plutôt sordide. Je ne sais pas laquelle j'ai habité. Je n'ai pas cherché à entrer à l'intérieur des logements, aujourd'hui généralement occupés par des travailleurs immigrés portugais ou africains, persuadé du reste que cela ne raviverait pas davantage mes souvenirs".

    (Extrait de "W ou le souvenir d'Enfance de Georges Perec"- 1975)


    >> Voir aussi sur Parisperdu : "Vilin, Couronnes et Pali-Kao..."

    >> Voir aussi sur la destruction de la rue Vilin: "Elles tombent, l'une après l'autre"

    >> Perec et "Le regard sur la ville"

    >> A Georges et à Léon-Paul ...

     

     


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  • Quai de Valmy. 75010 Paris

     

     

    Le canal Saint-Martin a le côté policé des canaux de villes. Laissant à la Seine les beaux quartiers, il relie les arrondissements populaires et turbulents de l 'Est de la capitale.
    Avec ses courbes majestueuses, le canal qui va de République au bas de la place du Colonel Fabien, offre l'opportunité de promenades quasi-bucoliques, au cours desquelles vous pourrez, à loisir, changer de quai en empruntant de charmants petits ponts ...

    Le long de ses quais, vous allez croiser des bars festifs, des boutiques à la mode, un centre culturel ... Nous sommes loin d'Eugène Dabit, l'auteur du fameux ouvrage "Hôtel du Nord", qui aimait le canal pour son côté populaire, gouailleur et artisanal. Témoin de son temps, il a décrit avec réalisme la vie ordinaire d'un canal qui lui ne l'est pas ... Un canal tragique et laborieux, marqué par la poésie de Carné, de Prévert, de Doisneau, de Simenon, de Barbara... une poésie toujours un peu noir. Et avec eux, le canal s'est bâti une légende ...

    Mais nous ne sommes plus dans un film de Marcel Carné, et il y a maintenant de la couleur dans ce décor-là ! Elle est bien palpable sur le quai de Valmy, qui arbore des façades de boutiques "dans l'air du temps", dans un style "United Colors of ...".

    Et il fut un temps récent, où les lieux étaient encore bien plus colorés ...  par des  tentes rouges, ... celles de SDF, plantées là, de chaque côté de la rive, jusqu'à l'Hôtel du Nord: le vrai, pas celui reconstitué en studio, pour la légende en noir et blanc.

    La médiatisation de cette action a abouti au vote de la loi sur le droit au logement opposable. Mais finalement, dans un avenir proche, il est assez probable que la situation des "Sans Domicile Fixe" ne changera pas fondamentalement, et ... que le canal Saint-Martin restera un endroit de fête, un lieu branché, ... trop branché peut-être...


    >> "Black & White Channel", la version "noir et blanc" du canal.


    >> Déjà sur Parisperdu: "Carné nocturne"  

    >> Le quartier vu par Tardi.

     

     

     

     


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